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Parcours historique

La Réformation

Le développement des relations entre société et religion en Allemagne est marqué tout d’abord, au 16e siècle, par la Réformation, notamment dans sa version luthérienne. Non seulement la Réforme (...)

Le développement des relations entre société et religion en Allemagne est marqué tout d’abord, au 16e siècle, par la Réformation, notamment dans sa version luthérienne. Non seulement la Réforme protestante établit une bi-confessionalité qui caracterise la situation religieuse jusqu’à nos jours, mais elle renforça également la fragmentation politique des territoires de l’Empire germanique. Le principe cuius regio eius religio, formulé lors de la Paix des Religions d’Augsbourg (1555), garantit la liberté des Princes de determiner la confession (luthérienne ou catholique) dans leurs territoires (ius reformandi), tandis qu’aux sujets fut reconnu le droit d’émigrer (ius emigrandi). Cette règle, qui constitue l’état confessionnel, fut affirmée après les guerres de religion du 17e siècle dans le Traité de Westphalie (1648), et s’applique aussi à la confession reformée. Dans les États protestants, l’autonomie du pouvoir politique est legitimée par la théorie luthérienne des deux royames (Zwei-Reiche-Lehre), tandis que l’organisation interne des Églises protestantes y suit le modèle catholique, d’après lequel le lieu de résidence determine l’appartenance à une paroisse et un diocèse donnés.

D 10 juillet 2012    AMatthias Koenig

Vers la sécularisation

Sous l’impact de la Revolution Française et les guerres Napoléoniennes, les territoires furent re-organisé dans le Reichsdeputationshauptschluss (1803), notamment par la "sécularisation", (...)

Sous l’impact de la Revolution Française et les guerres Napoléoniennes, les territoires furent re-organisé dans le Reichsdeputationshauptschluss (1803), notamment par la "sécularisation", c’est-à-dire la dépossession des biens ecclesiastiques. La conséquence fut la bi-confessionalité interne dans les unités politiques et la séparation entre citoyenneté et appartenance confessionnelle. De ce fait, la population juive reçut le droit à la citoyenneté, dont elle était auparavant exclue. Cependant, le statut juridique des personnes appartenant aux églises protestantes libres, associations voluntaristes qui se développent au 19° siècle, reste incertain à l’époque, les églises protestantes continuant de fonctionner comme des églises d’état (Landeskirchen) gouvernées par les Princes en tant que Summepiscopats. Effectivement, le pouvoir étatique se renforça, comme le montre l’union décrétée entre l’église lutherienne et l’église reformée en Prusse (1817).

D 19 juillet 2012    AMatthias Koenig

La domination prusse

L’unification nationale de l’Allemagne sous la domination prusse (1871) renforça le conflit inter-confessionnel. Tandis que le protestantisme s’associa au nationalisme et imperialisme Allemand, (...)

L’unification nationale de l’Allemagne sous la domination prusse (1871) renforça le conflit inter-confessionnel. Tandis que le protestantisme s’associa au nationalisme et imperialisme Allemand, le catholisme (un tiers de la population allemande), fut considéré par l’élite politique et intellectuelle comme retrograde et déloyal. Le Kulturkampf mené par Bismarck contre l’ultramontanisme catholique et sa manifestation politique, le parti du Zentrum, contribua à la stabilisation des milieus confessionnels qui ne commencèrent à se dissoudre qu’au 20° siècle, après les années soixante. Sur le plan juridique, l’État règla le départ formel de l’Eglise d’Etat (1874) et introduisit l’impôt ecclesiastique (1875).

D 19 juillet 2012    AMatthias Koenig

La séparation de l’Eglise et de l’Etat

La Constitution de Weimar (1919) établit la séparation entre État et Églises (Art. 137.1 : "il n’y a pas d’Église d’État"), en reconnaissant le droit individuel à la liberté religieuse et à (...)

La Constitution de Weimar (1919) établit la séparation entre État et Églises (Art. 137.1 : "il n’y a pas d’Église d’État"), en reconnaissant le droit individuel à la liberté religieuse et à l’égalité des confessions. Cependant, suite à la mobilisation politique des forces conservatrices dans les églises protestantes contre les fondateurs sociaux-démocrates de la République, un statut privilégié est garantit aux anciennes Églises d’État en tant que sociétés religieuses (Religionsgesellschaften). Il leur est reconnu le statut de corporations de loi publique (Körperschaften des öffentlichen Rechts) avec une autonomie juridique interne, elles conservent le droit à maintenir des facultés de théologie dans les universités et l’enseignement religieux à l’école, et l’État continue à préléver des impôts ecclesiastique. D’autres Églises et organismes sont régis, en tant que communautés religieuses (Religiongemeinschaften), par le droit privé d’association.

D 19 juillet 2012    AMatthias Koenig

La "Constitution écclésiastique" de 1933

Déjà, pendant la République de Weimar, la NSDAP devait ses succès électoraux au milieu protestant. Le régime nazi fut ouvertement soutenu par une fraction des églises protestantes, le "mouvement (...)

Déjà, pendant la République de Weimar, la NSDAP devait ses succès électoraux au milieu protestant. Le régime nazi fut ouvertement soutenu par une fraction des églises protestantes, le "mouvement de foi des Chrétiens Allemands" (Glaubensbewegung Deutsche Christen). Le régime nazi coopéra avec cette fraction en réorganisant les églises protestantes dans la constitution ecclésiastique (Reichskirchenverfassung) de 1933. En même temps, le régime conclut un concordat avec le Vatican (Reichskonkordat), ce qui mit un terme à l’existence du Zentrum. Au sein de l’église protestante, une opposition minoritaire se forma contre le régime nazi en 1934 : l’"église confessante" (Bekennende Kirche), qui influença la théologie protestante d’après-Guerre.

D 19 juillet 2012    AMatthias Koenig

Les "deux Allemagnes"

Après 1945, les États fondés sur le territoire allemand se réfèrent, au plan des relations juridiques entre Églises et État, à la République de Weimar. Cela vaut pour la République Fédérale de (...)

Après 1945, les États fondés sur le territoire allemand se réfèrent, au plan des relations juridiques entre Églises et État, à la République de Weimar. Cela vaut pour la République Fédérale de l’Allemagne (RFA), dont la Loi Fondamentale (Grundgesetz) maintient les articles pertinents de la Constitution de Weimar (voir 3.2.), mais également pour la première constitution de la République Démocratique de l’Allemagne (RDA). En Allemagne de l’Ouest, les Églises luthériennes, réformées et unies, qui furent organisées dans l’Église Protestante de l’Allemagne (EKD), ainsi que l’Église catholique, dont le poid démographique avait été renforcé par la partition du pays, jouèrent un rôle important dans la légitimation de la nouvelle démocratie et l’intégration de la population (Volkskirchen). Cependant, en Allemagne de l’Est, l’État adopta une politique séculariste, mis en évidence dans l’introduction de la Jugendweihe (1954), l’élimination des articles ecclésiastiques dans la nouvelle constitution (1968) et le contrôle des Églises. Celles-ci réagirent par l’accomodation au régime et, en partie, par l’opposition.

D 19 juillet 2012    AMatthias Koenig

La réunification

Après la chute du mur, due à des mouvements d’opposition qui avaient trouvé au sein des Églises un espace de mobilisation, la RDA fut réunifiée à la RFA (1990) ; de nouvelles Länder furent (...)

Après la chute du mur, due à des mouvements d’opposition qui avaient trouvé au sein des Églises un espace de mobilisation, la RDA fut réunifiée à la RFA (1990) ; de nouvelles Länder furent créés, qui adoptèrent des constitutions conformes à la Loi Fondamentale et à ses articles ecclesiastiques. Les Églises protestantes de l’Est furent re-intégrées dans l’EKD, les diocèses catholiques dans la Conférence épiscopale de l’Allemagne.

D 19 juillet 2012    AMatthias Koenig

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