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École et religion

L’enseignement de la religion dans les écoles publiques

En Allemagne, on trouve une forte présence de l’État dans le secteur éducatif. Selon la Constitution, l’école publique est la règle, tandis que les écoles privées sont considérées comme des (...)

En Allemagne, on trouve une forte présence de l’État dans le secteur éducatif. Selon la Constitution, l’école publique est la règle, tandis que les écoles privées sont considérées comme des exceptions (art. 7 (4 et 5) GG). C’est pourquoi il y a beaucoup moins d’écoles privées confessionnelles en Allemagne que dans d’autres pays, comme la France par exemple. Des écoles privées au niveau de l’enseignement primaire ne sont admises que si il y a des besoins religieux ou idéologiques spécifiques et si une école publique correspondante n’existe pas.

Dans les écoles publiques, les membres des communautés religieuses ont le droit de participer à un enseignement confessionnel, dont le contenu est de la responsabilité des communautés religieuses (art. 7 (3) GG). L’enseignement religieux fait partie de l’enseignement régulier à l’école. Des exceptions existent pour le Land de Brême et Berlin (article 141 GG) ainsi que pour les quelques écoles publiques, qui sont explicitement non-confessionnelles et séculières.

La décision concernant la participation à l’enseignement religieux est de la compétence des parents et, à partir de l’âge de 14 ans, des élèves eux-mêmes (article 7 (2) GG).

D 19 juillet 2012    AMichael Heinig

Ecole et religion en RDA : 1949 – 1989

Si la loi fondamentale visait à la démocratisation de l’enseignement publique, elle ne prévoyait pas sa laïcisation. En RDA, par contre, la politique de laïcisation avancée par le régime (...)

Si la loi fondamentale visait à la démocratisation de l’enseignement publique, elle ne prévoyait pas sa laïcisation. En RDA, par contre, la politique de laïcisation avancée par le régime socialiste concernait toutes les sphères publiques, dont l’école : ainsi, la constitution de 1949 supprimait l’instruction religieuse comme matière d’enseignement régulière, ne garantissant aux communautés religieuses le droit d’organiser un tel enseignement dans les bâtiments des écoles publiques qu’en dehors des heures de cours habituelles. À partir de 1967, l’enseignement religieux n’est plus mentionné dans la constitution de la RDA et les Églises l’organisent dans leurs propres bâtiments.
Lorsqu’en 1954 la RDA établit la Jugendweihe comme rite d’initiation athée, l’Église luthérienne la déclara incompatible avec la confirmation protestante et demanda aux jeunes de choisir. Or, la non participation à la Jugendweihe entraînait des obstacles scolaires et professionnels importants, ce qui signifie que les stratégies adverses de l’État et de l’Église luthérienne forçaient les jeunes et leurs parents à trancher entre leur carrière scolaire et l’affirmation publique de leur croyance et appartenance à l’Église luthérienne.

Source : HENKYS, Reinhard, "Die Kirchen im SED-Staat zwischen Anpassung und Widerstand", in Jürgen WEBER (dir.), Der SED-Staat : Neues über eine vergangene Diktatur. Munich, 1994, p. 203.

D 19 juillet 2012    AMatthias Koenig AMiriam Schader

Le débat autour de l’instruction religieuse en Brandebourg et à Berlin

Après la chute du mur, tous les nouveaux Länder à l’exception de Brandebourg et Berlin ont réintroduit l’instruction religieuse comme matière d’enseignement régulière. S’appuyant sur la clause (...)

Après la chute du mur, tous les nouveaux Länder à l’exception de Brandebourg et Berlin ont réintroduit l’instruction religieuse comme matière d’enseignement régulière. S’appuyant sur la clause de Brême, le Land de Brandebourg a établit dans la Loi sur l’enseignement public (notamment les § 9 et § 11) une nouvelle matière, la LER (Lebensgestaltung-Ethik-Religionskunde / vie-éthique-religion) à la place de l’instruction religieuse, qui allie l’instruction morale et une présentation neutre de toutes les grandes religions. Il s’agit d’une matière régulière et obligatoire, mais les parents ou les personnes investies de l’autorité parentale ont la possibilité de demander que leurs enfants soient dispensés de cet enseignement si "une raison importante le justifie" (§ 141). La loi garantissait d’abord aux communautés religieuses le droit d’organiser un tel enseignement dans les bâtiments des écoles publiques hors des heures normales de cours .
Bien que le taux d’appartenance à une Église ne soit plus que de 24 % dans les nouveau Länder en 1994, cette législation a suscité une forte polémique aboutissant à un long contentieux juridique. En dernière instance, la Cour constitutionnelle a proposé un compromis judiciaire préservant la LER, tout en obligeant le Brandebourg à co-financer un enseignement d’instruction religieuse et à l’intégrer aux heures normales de cours. Lorsque la nouvelle loi sur l’enseignement public en Brandebourg de 2002 a intégré tous ces éléments (troisième loi sur l’enseignement public en Brandebourg - BbgSchulG), un nouveau recours fut porté devant la Cour constitutionnelle et finalement rejetée en janvier 2004 (BVerfG, 1 BvR 1406/02 du 8 Janvier 2004).
Berlin-Est adopta le règlement en vigueur à l’ouest : l’instruction religieuse ne fait pas partie des matières régulières, mais toutes les communautés religieuses reconnues par le Land en mesure d’offrir un tel enseignement et rassemblant un minimum d’élèves ont le droit de dispenser deux heures d’instruction religieuse par semaine dans les bâtiments scolaires et pendant les heures normales de cours. Les parents ou les personnes investies de l’autorité parentale décident de l’inscription de leurs enfants à cet enseignement (Loi berlinoise sur l’enseignement public, § 13 SchulG).
Après de longs débats, la participation à un enseignement laïc d’instruction morale (Ethik) est obligatoire pour tous les élèves des classes 7 à 10 depuis le début de l’année scolaire 2006/07, indépendamment de leur inscription à l’enseignement d’instruction religieuse.
L’Union chrétienne démocratique (CDU), le parti libéral (FDP) et une partie des parents et élèves berlinois avaient revendiqué que les jeunes puissent choisir entre la participation à l’enseignement laïc d’instruction morale et la participation à l’enseignement d’instruction religieuse. Ceci a été refusé par le Sénat (parlement du Land de Berlin) et un recours constitutionnel contre l’introduction de l’enseignement laïc en tant que matière régulière et obligatoire a été rejeté par la Cour constitutionnelle en juillet 2006 (BVerfG, 1 BvR 1017/06 du 14 Juillet 2006, § 1 – 29).

HECKEL, Martin, Religionsunterricht in Brandenburg. Zur Regelung des Religionsunterrichtes und des Faches Lebensgestaltung - Ethik - Religionskunde (LER). Berlin : Duncker & Humblot, 1998. LOTT, Jürgen, Wie hast du’s mit der Religion ? Das neue Schulfach Lebensgestaltung – Ethik-Religionskunde (LER) und die Werteerziehung in der Schule. Gütersloh : Gütersloher Verlag-Haus, 1998.

D 19 juillet 2012    AMatthias Koenig AMiriam Schader

Introduction de l’instruction religieuse islamique

L’enseignement religieux islamique dans les écoles publiques
Diverses expériences pilotes visant à instaurer un enseignement islamique - généralement en langue turque - dans les écoles (...)

L’enseignement religieux islamique dans les écoles publiques

Diverses expériences pilotes visant à instaurer un enseignement islamique - généralement en langue turque - dans les écoles publiques ont été menées dans différents Länder depuis la fin des années 1980. Elles étaient souvent conduites en lien avec l’État turc qui était initialement l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics allemands mais les autorités publiques ont manifesté le souhait de s’affranchir le plus possible des influences étrangères. C’est ainsi qu’une étape importante a été franchie en 2004.
Après avoir obtenu le statut de communauté religieuse à la fin de l’année 2004 dans plusieurs Länder (le Bade-Wurtemberg, la Rhénanie du Nord-Westphalie, la Bavière et la Hesse), la communauté alévie d’Allemagne (Alevitische Gemeinde Deutschlands) a pu mettre en place dans ces Länder un cours de religion islamique (alévie) dans plusieurs écoles primaires. Conformément à l’article 7-3 de la Loi fondamentale (voir Enseignement religieux à l’école publique – situation légale), cet enseignement est placé sous l’autorité des ministres de l’éducation concernés, en accord avec la communauté alévie d’Allemagne. L’expérience introduite dès 2006 dans le Bade-Wurtemberg, puis en Rhénanie du Nord-Westphalie et en Bavière et enfin en Hesse, reste toutefois très marginale. En effet, les alévis sont minoritaires sur le territoire allemand (ils représentent entre 12 et 13 % des musulmans présents en Allemagne). On estime que les cours de religion alévie sont dispensés auprès de quelque 500 élèves alévis, alors qu’on compte entre 700 000 et 900 000 élèves musulmans en Allemagne.
Du point de vue des pouvoirs publics, un des obstacles principaux à la mise en place de l’enseignement religieux islamique est l’absence d’interlocuteur musulman représentatif. A cet égard, un tournant a été récemment pris. La conférence allemande sur l’islam (Deutsche Islamkonferenz), mise en place en 2006 par le ministre de l’Intérieur Wolfgang Schäuble, résulte de la volonté de ce dernier de faire émerger une structure représentative des musulmans. Elle rassemble 5 organisations musulmanes, qui représentent environ 15% de la population musulmane d’Allemagne. Or, la Deutsche Islamkonferenz a récemment adopté en 2008 le principe de l’introduction d’un enseignement islamique dans les écoles publiques, généralisé à l’ensemble du territoire allemand selon les modalités prévues à l’article 7-3 de la Loi fondamentale. La Rhénanie du Nord-Westphalie est le premier Land à avoir introduit dans 44 écoles primaires à la rentrée scolaire 2012 un enseignement religieux islamique, dispensé par quelque 40 enseignants. Un conseil indépendant (Beirat), chargé du recrutement des professeurs de religion islamique et des programmes, a été créé à cet effet. En font partie huit experts en théologie islamique et en didactique de l’enseignement religieux : quatre d’entre eux ont été choisis par des organisations islamiques et les quatre autres par le ministère de l’Éducation en accord avec les fédérations islamiques. En 2012-2013, ce cours confessionnel a concerné entre 2000 et 2500 élèves en Rhénanie du Nord-Westphalie. Le manque d’enseignants, ainsi que l’absence de manuels et de programmes, pourraient toutefois compromettre la mise en œuvre d’un enseignement religieux islamique. Il ne s’agit là toutefois que des prémices de l’introduction générale d’un cours de religion islamique dans les établissements secondaires dans les différents Länder.

Pour plus d’information, voir Focus, Süddeutsche, DIK.

La mise en place de cursus de théologie islamique dans des universités publiques

En lien avec la question de l’organisation d’un enseignement islamique à l’école, la problématique de la formation des « maîtres » musulmans (imams et professeurs de religion) s’est également imposée aux pouvoirs publics. Une étape décisive a été franchie avec la mise en place d’instituts de théologie islamique au sein même de trois universités allemandes (à Osnabrück, Münster et Tübingen) dès la rentrée universitaire 2011.

Pour plus d’information, voir Süddeutsche.

D 2 décembre 2013    ASylvie Toscer-Angot

CNRS Unistra Dres Gsrl

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