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Aumônerie

Aumôneries

1. L’aumônerie de l’armée

Les prêtres ont accompagné l’armée dans toutes les nations chrétiennes et la Hongrie partage cette tradition. Les croisés ont certainement bénéficié d’une assistance spirituelle et les évêques avaient également des obligations militaires - lorsque l’État hongrois médiéval s’est effondré lors de la bataille de Mohács (1526) avec l’Empire ottoman, la quasi-totalité de l’épiscopat est tombée, les évêques ayant pris une part active à la bataille. Au cours des siècles suivants, les jésuites ont joué un rôle important en tant que pasteurs de l’armée. Des pasteurs protestants sont également apparus pour aider les soldats. Depuis 1773, l’armée dispose d’un vicariat en tant qu’unité organisationnelle pour les prêtres catholiques servant d’aumôniers militaires, ainsi que pour les prêtres grecs catholiques et orthodoxes. Pendant la Première Guerre mondiale, 2400 aumôniers militaires étaient en service, dont des pasteurs de diverses confessions chrétiennes et des rabbins.

Après la prise de pouvoir par les communistes, l’aumônerie militaire a été dissoute. L’aumônerie militaire a été réorganisée en 1993-94 pour les confessions catholique, réformée et luthérienne, ainsi que pour les membres juifs des forces armées. Le service national ayant été aboli en 2004, le nombre de soldats a diminué et le rôle de l’aumônerie a également changé. Aujourd’hui, les aumôniers se concentrent sur les soins pastoraux à apporter aux soldats et à leurs familles, avec une attention particulière pour les unités de l’armée qui servent dans des missions à l’étranger. Le système prévoit un pasteur pour 1000 soldats.

Lors de la création de l’ordinariat militaire, un accord a été signé avec le Saint-Siège (1994) et des accords similaires ont été conclus avec d’autres confessions. Après les changements radicaux intervenus dans la structure de l’armée - notamment en ce qui concerne le caractère professionnel de l’armée - le Saint-Siège et la Hongrie ont convenu d’un mémorandum sur l’interprétation de l’accord conclu en 1994 sur l’assistance spirituelle fournie à l’armée. Les parties ont déclaré que les aumôniers de l’armée sont rémunérés par le ministère de la Défense et que les règlements de l’aumônerie sont publiés par le ministère en accord avec la conférence épiscopale. Les détails sont régis par des décrets gouvernementaux.

2. Aumôneries d’hôpitaux

Dans les hôpitaux, il n’existe pas de service d’aumônerie publiquement organisé. Les communautés religieuses sont libres d’apporter leur aide aux malades ainsi qu’au personnel médical et elles sont largement impliquées dans cette démarche. Les hôpitaux sont tenus de faciliter le libre exercice de la religion en mettant à disposition un espace pour le culte. Les communautés religieuses peuvent nommer des aumôniers d’hôpitaux mais généralement tous les membres du clergé et un grand nombre de bénévoles participent aux services fournis aux malades. Aucun financement spécial n’est prévu pour ces activités. À titre d’exemple, l’archidiocèse d’Esztergom-Budapest a mis en place une assistance catholique centralisée pour les hôpitaux de Budapest. Une ligne téléphonique est disponible jour et nuit et, en cas d’urgence, un prêtre catholique est envoyé dans un délai d’une heure dans n’importe quel hôpital. Cette activité est exclusivement organisée et financée par l’Église, les hôpitaux n’ayant qu’à la faciliter. Alors que les services religieux dans les locaux militaires étaient inimaginables sous le régime communiste, les personnes hospitalisées ont toujours bénéficié de la possibilité d’une assistance spirituelle.

3. Aumônerie des prisons

L’assistance spirituelle aux détenus des pénitenciers a été institutionnalisée avant la prise de pouvoir par les communistes. Traditionnellement, les prisons disposaient également de chapelles. Sous le régime communiste, cette activité religieuse n’était pas possible, mais depuis la chute du système communiste, elle est largement appréciée par les établissements pénitentiaires. Plusieurs chapelles œcuméniques de prison ont été rouvertes ou construites et le service d’aumônerie dispose aussi d’un cadre institutionnel depuis 2000.

En 2000, une aumônerie des pénitenciers a été créée pour les Églises catholique, réformée et luthérienne, ainsi que pour la communauté juive. Cette institution est similaire à l’aumônerie de l’armée. Toutes les autres religions enregistrées ont par ailleurs le droit de mener des activités religieuses dans les pénitenciers à la demande des détenus ; toutefois, les quatre religions les plus importantes sont institutionnalisées et leurs pasteurs peuvent devenir des fonctionnaires, payés par les pénitenciers comme leur propre personnel. Pour être admis, ces aumôniers doivent obtenir l’autorisation de leur Église et se conformer aux exigences des fonctionnaires. Outre les ecclésiastiques (c’est-à-dire, pour l’Église catholique, non seulement les prêtres ordonnés mais aussi les diacres) employés par le pénitencier en tant qu’aumônier de prison, les communautés religieuses sont libres d’envoyer toute autre personne (ecclésiastique ou laïque) pour exercer des activités religieuses dans les prisons. Cependant, ces personnes ne sont pas rémunérées par l’établissement pénitentiaire.

L’aumônerie pénitentiaire organisée par les principales communautés religieuses n’exclut pas la possibilité pour toute autre communauté religieuse de s’engager dans des missions pénitentiaires. Dans la pratique, les pénitenciers accueillent toutes sortes d’activités religieuses, et pas seulement celles proposées par les aumôniers officiels des prisons. D’autres initiatives religieuses se verront accorder un espace dans les prisons et la coopération à cet égard fonctionne bien. Les prisons - contrairement à l’armée - sont dans une situation où elles sont obligées d’apprécier toute forme d’aide à la resocialisation de leurs détenus.

Tihanyi M., "A börtönlelkészi szolgálat működése : A vallásszabadság jogának szervezeti keretei a büntetés-végrehajtási intézetekben" (Fonctionnement du service de pastorale pénitentiaire : cadre organisationnel pour le droit à la liberté religieuse dans les établissements pénitentiaires), IAS 2018/3, 203-218.

D 9 février 2021    ABalázs Schanda

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