Géographie religieuse
Deux axes principaux
La géographie religieuse de l’Allemagne est caractérisée par un axe Nord-Sud, qui correspond au clivage protestant-catholique, et un axe Ouest-Est qui, aujourd’hui, est fonction de l’appartenance religieuse.
L’axe Nord-Sud : un clivage protestantisme-catholicisme
Au 16ème siècle la Réforme, notamment dans sa version luthérienne, établit une biconfessionnalité qui caractérise la situation religieuse jusqu’à nos jours. Le principe cuius regio eius religio, formulé lors de la Paix d’Augsbourg (1555), garantit la liberté des Princes pour déterminer la confession (luthérienne ou catholique) dans leurs territoires, tandis qu’est reconnu aux sujets le droit d’émigrer. Ainsi naquit la prédominance des Protestants au nord et des Catholiques au Sud de l’Empire germanique.
Les évêchés du nord de la République présentent un faible pourcentage de Catholiques dans la population totale. Ne comprenant que 7% de la population des Länder d’Hambourg, du Schleswig-Holstein et d’une partie de la Mecklembourg-Poméranie, l’archevêché de Hambourg par exemple est caractérisé par une diaspora extrême. Les Länder qui ont un le plus fort pourcentage de Catholiques se trouvent au Sud et à l’Ouest : Bavière, Rhénanie-Palatinat, Sarre et Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Le pourcentage de Protestants varie également parmi les différentes Eglises régionales (Landeskirchen). Dans les régions traditionnellement protestantes des anciens Länder (Basse-Saxe, Schleswig-Holstein) il monte jusqu‘ à 55%. Dans les régions à pourcentage élevé de Catholiques (Bavière, Rhénanie-Palatinat) il reste au-dessous des 30%.
L‘axe Ouest-Est : révélateur du degré d’appartenance religieuse
Alors que les Eglises ont été ancrées en RFA dès la fondation de l’Etat, elles ont eu à souffrir de la pression gouvernementale en RDA. Dans les années 1950 et 1960 les croyants chrétiens durent en particulier subir des préjudices professionnels.
Aujourd’hui, 74% de la population en l’Allemagne de l’Est n’ont pas de confession. Pour la moitié d’entre eux cette absence de confession est un "héritage familial". En Allemagne de l’Ouest le pourcentage des non-organisés n’est plus que de 16%. Trois quarts de ceux-ci sont sans confession pour la première génération.
Dans les nouveaux Länder, être sans confession exprime un certain conformisme social. A l’Ouest, tout au contraire, être sans confession exprime la volonté de s’émanciper d’un tel conformisme. Ici, conformisme et traditionalisme familial sont les motifs centraux de l’organisation confessionnelle.
Le pourcentage croissant des non-confessionnels réduit le rôle de soutien des Eglises chrétiennes. Ainsi elles ne peuvent plus assurer leur fonction d’intégration sociale et culturelle dans les régions concernées. A la longue, cette évolution aura des conséquences de nature politique considérables : les relations entre Eglises et Etat seront re-négociées, comme le montre par exemple l’introduction de l’enseignement "Lebensgestaltung-Ethik-Religionskunde" (LER) (Formation à la vie-Ethique-Religion) en Brandebourg.
La déconfessionnalisation des villes-Etats
Au-delà du clivage Ouest-Est, on peut observer une déconfessionnalisation prononcée des villes-Etats (Stadtstaaten). Tandis qu’en Sarre 85,4% de la population font partie des deux grandes Eglises en 2003, ils ne sont que 43% à Hambourg et 32% à Berlin. Le nombre de départs des Eglises est par ailleurs le plus haut dans les villes-Etats. Comme il y a moins de conformisme traditionnel lié à la confession des parents et à l’attachement à un lieu, il est plus facile de quitter les Eglises, même si le départ de l’Eglise n’est plus tabou non plus dans les régions rurales.
26 juillet 2012Pour aller plus loin : EBERTZ, Michael N., Erosion der Gnadenanstalt ? Zum Wandel der Sozialgestalt von Kirche. Frankfurt/Main : Verlag Josef Knecht, 1998, notamment p. 69-117.