Prison et religion
Les aumôneries de prison
Fonctions et organisation
Le rôle des aumôniers a subi d’importantes évolutions durant les trente dernières années : ils sont passés d’une position de bras droit de la direction avec des tâches concrètes (encadrement social, appels aux avocats, cours de français, questions sociales, etc.) à un rôle d’écoute et d’accompagnement spirituel des détenus. Il existe une réelle demande d’accompagnement spirituel. Cela représente pour les détenus un moyen d’échapper au quotidien et de parler librement, sans enjeux institutionnels. Le travail des aumôniers permet de recréer un lien social et une attache identitaire chez les détenus. Cependant, la diversité religieuse et culturelle rend la tâche des aumôniers difficile, et la surpopulation des prisons implique une surcharge de travail.
Débats
La question du lien entre islam et propension au crime est souvent abordée dans le débat public. Joëlle Vuille, chercheuse à l’Institut de criminologie et de droit pénal à l’UNIL (Université de Lausanne) le récuse : les musulmans sont surreprésentés en prison car leur profil correspond au profil sociologique général des criminels, c’est-à-dire des hommes, jeunes, et à un niveau bas de formation. C’est également une conséquence du flux migratoire, mais la religion n’est pas le facteur explicatif. Chez les femmes, les catholiques sont surreprésentées : ce sont souvent des femmes sud-américaines condamnées pour trafic de stupéfiants. Encore une fois, ce n’est pas un facteur religieux qui pousse au crime.
13 janvier 2016Source : Becci Irene, Bovay Claude, Kuhn André, Schneuwly-Purdie Mallory, Knobel Brigitte, Vuille Joëlle, Enjeux sociologiques de la pluralité religieuse dans les prisons suisses, 2011. Dans le cadre du PNR58 « Collectivité religieuses, état et société ».