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École

La religion dans l’enseignement public

Le contexte historique et juridique de l’enseignement religieux au Portugal
Même si le fondement de la nation est intervenu en 1143 avec le traité de Zamora, la reconnaissance par l’Église (...)

Le contexte historique et juridique de l’enseignement religieux au Portugal

Même si le fondement de la nation est intervenu en 1143 avec le traité de Zamora, la reconnaissance par l’Église catholique de son indépendance vis-à-vis de l’Espagne ne put se produire qu’en 1179 par le Pape Innocent II, une légitimité sous la garantie de la vassalité du roi portugais au Pape. Cette relation entre pouvoir politique et Église a sans aucun doute renforcé l’affirmation de l’indépendance nationale et des frontières du pays. Néanmoins, il est nécessaire de préciser que cette influence n’a pas seulement pallié la fragilité politique d’un nouveau royaume, mais elle a également permis la participation de l’Église comme actrice dans l’éducation et dans le développement du pays.

La relation avec l’Église catholique, apostolique et romaine : l’éducation catholique religieuse et morale

Au 18e siècle, la Compagnie de Jésus comprenait 30 écoles dispersées dans les principales villes du pays. Avec 20 000 étudiants à cette période, elle a été considérée comme un réseau national de l’éducation. Il est à noter également que les églises, en grand nombre, avaient des écoles et ont donc contribué de façon significative à la formation de la population locale.

La séparation de l’État et de la religion, de 1910 à la première république.

1910 est une date importante dans les relations entre religion et éducation au Portugal. Après huit siècles de complicité, la loi de séparation de l’État et de l’Église a proclamé la non confessionnalité de l’État. La première république a non seulement retiré le titre de religion d’État à l’Église catholique, mais elle a aussi affirmé la neutralité de l’État, abolissant ainsi l’enseignement religieux dans les écoles. C’était plus qu’une législation anticléricale, car cette période fut marquée par la confiscation des biens de l’Église, y compris de certains établissements d’enseignement. Le cadre réglementaire de l’éducation reflète l’esprit de l’époque, un décret permet par exemple de maintenir les lois sur l’expulsion de la Compagnie de Jésus – le principal ordre religieux en charge de l’éducation au Portugal (Cf. SILVA, p.12-14).

L’Etat nouveau : un nouvel accord

Avec la fin de la première république, en 1926, l’État nouveau a restauré le statut juridique de l’Église catholique vis-à-vis de l’État et le droit à l’éducation religieuse dans les écoles publiques. Cependant, seule la Constitution de 1933 pouvait révoquer la loi de séparation, et ce, non sans controverses. En 1935, l’importance de l’éducation religieuse dans les écoles a été reconnue comme une contribution à la formation morale et civique. La loi a assuré que de telles vertus devaient être guidées par les mœurs chrétiennes traditionnelles et la doctrine du pays. Le cadre juridique qui affirmait la séparation de l’Église et de l’État a également reconnu l’Église catholique comme religion traditionnelle de la nation. La liberté de l’enseignement que la Constitution de 1933 garantissait, s’étendait également au droit de créer des écoles privées. (Cf. Silva 18-22)..
Si d’une part, le Concordat de 1940 a marqué définitivement l’indépendance de l’État par rapport à l’Église, il a également établi un accord qui conférait à l’Église catholique le devoir d’assurer la cohésion sociale à travers sa mission éducative. D’autre part, l’éducation religieuse devint désormais facultative, perdant son caractère jusque-là obligatoire.

La démocratie favorise la coopération

En 1974, une révolution militaire a mis fin au régime dictatorial en vigueur. Certaines tensions sporadiques ont émergé dans cet esprit révolutionnaire, notamment des tentatives d’occuper les écoles catholiques. Après une période initiale tourmentée, la crise s’est achevée en 1976 la Constitution de la République a maintenu le Concordat de 1940 et a seulement introduit la liberté à l’éducation quelle que soit la religion. Ce document, dans lequel l’État reconnaît l’obligation de coopérer avec les familles dans l’éducation de leurs enfants, élargit les droits des parents en ce qui concerne le choix de l’éducation religieuse et morale de leurs enfants. (Cf. SILVA p 40). Il était indéniablement explicite, une fois de plus, sur la séparation de l’État et de l’Église, et il soulignait l’obligation de l’État de promouvoir la présence et l’intégration de l’éducation religieuse dans les écoles publiques, sous la responsabilité des confessions respectives. (Cf. SILVA p.42)

Avec la réforme de la loi fondamentale du système éducatif, en 1986 l’enseignement religieux catholique a perdu son caractère facultatif et a revêtu un aspect plus alternatif dans la formation religieuse et morale. En tenant compte du développement de l’élève dans son intégralité, d’autres sujets sont intégrés pour la première fois. En plus de l’éducation religieuse et morale, le développement personnel et social est proposé par l’État afin de promouvoir la conscience éthique de ses citoyens, et ce pour correspondre à une pluralité ouverte à la participation de toutes les religions. (Cf. Silva p 45)

La révision en 2004 du Concordat de 1940, suite à la revendication de la non-confessionnalité de l’État et à l’affirmation de la liberté religieuse, s’est expliquée et a conclu que l’éducation religieuse et morale catholique ainsi que ses professeurs ne devraient pas être l’objet de traitement discriminatoire. Autrement dit, les enseignants ne devraient pas être placés sous la juridiction de la nouvelle loi sur la liberté religieuse.

L’intégration tardive des protestants : La fondation de la COMACEP - Commission d’action éducative évangélique dans les écoles publiques

Fondée en 1988, ce département pour l’alliance évangélique portugaise est responsable de la mise en œuvre et de la viabilité de l’éducation morale et de la religion évangélique dans les écoles publiques - de l’école primaire à la 12e année. La contribution de la COMACEP à l’éducation des valeurs et de la citoyenneté a comme paradigme la personnalité et l’identité de Jésus-Christ dans la perspective des valeurs évangéliques chrétiennes. Les programmes sont approuvés par le ministère de l’Education avec la possibilité d’être facultatifs ou d’être enseignés au sein du programme scolaire. Le travail a commencé durant l’année scolaire 1990/1991 avec quatre groupes de quatre établissements de l’enseignement public et pourtant les résultats de l’année scolaire 2007/2008 font apparaître une croissance importante : 236 écoles avec 285 groupes, 161 enseignants pour 1707 élèves inscrits.

Pour en savoir plus, voir André Folque, « Religion in public Portuguese education » in Gerhard Robbers (Hrsg.), Religion in Public Education – La religion dans l’éducation publique, Consortium européen pour l’étude des relations Églises-État, Trèves, 2011, 399-424.

D 28 septembre 2012    ASimo Daniel Fonseca da Silva

Législation concernant les écoles publiques

Site internet [http://www.educris.com/v3/] (Educação Moral e Religiosa Católica).

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D 28 septembre 2012   

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