eurel     Données sociologiques et juridiques sur la religion en Europe et au-delà

2021

  • Décembre 2021 : Les groupes religieux exigent que l’accès aux lieux de culte ne soit pas conditionné par le certificat vert (passe vaccinal)

Le 2 décembre 2021, le Premier ministre, accompagné d’autres responsables de l’État roumain, a eu une réunion avec les représentants de différents groupes religieux sur le thème de la liberté religieuse dans le contexte de la pandémie de Covid-19. La réunion a eu lieu dans la synagogue chorale (la plus grande synagogue de Bucarest). 17 des 18 groupes religieux reconnus étaient représentés.

Selon les déclarations du Premier ministre, rapportées dans le communiqué du Secrétariat d’État aux cultes, « les autorités gouvernementales et la société civile, dans laquelle les groupes religieux constituent un pilier de la stabilité, veillent au bien de la population. Le gouvernement soutient et promeut la liberté religieuse en participant à des activités religieuses dans des conditions de sécurité sanitaire et de respect mutuel. L’application de mesures de protection sanitaire et la vaccination sont des solutions sûres et efficaces pour protéger la santé des citoyens et lutter contre la crise du Covid-19. J’appelle à l’unité et à la cohésion et je vous demande de vous joindre aux efforts du gouvernement qui visent à protéger la santé et la vie des citoyens. Les gens ont besoin de confiance et d’espoir, et la contribution des cultes religieux est essentielle pendant cette période. »

Le Premier ministre a également indiqué que les messages et propositions des représentants des groupes religieux seront repris au niveau du gouvernement, notamment ceux concernant les soutiens financiers liés à la construction et la réparation des lieux de culte et la rémunération du personnel religieux.

En revanche, les représentants des groupes religieux ont exigé que la nouvelle loi, en cours d’élaboration, concernant le certificat vert (ou passe vaccinal) ne doit pas conditionner l’accès aux lieux de culte par la présentation de ce document.

Le ministre de la Santé a précisé qu’une décision, qui sera à terme politique, sur le certificat vert pour les croyants, sera prise à la suite d’un mécanisme consultatif et inclusif.

Selon la réaction du porte-parole de l’Église orthodoxe roumaine (le groupe religieux majoritaire), « le certificat vert est un document qui a une raison intrinsèque de persuasion, pas de contrainte. Quiconque choisit rationnellement et en connaissance de cause d’écouter les conseils de spécialistes et de se faire vacciner, bénéficie temporairement de certains avantages offerts par le certificat vert dans certains espaces bondés (commerciaux ou de loisirs). Ce document n’est pas et ne peut pas devenir restrictif pour l’accès aux espaces qui offrent des produits ou services vitaux, comme c’est le cas avec les épiceries, les pharmacies, les hôpitaux ou les églises ».

  • Octobre 2021 : L’implication des groupes religieux dans la lutte contre la pandémie (II)

Le nombre d’infections et de décès de la 4e vague de la pandémie de Covid-19 en Roumanie témoigne d’une situation proche d’une catastrophe humanitaire ; la cause la plus fréquemment invoquée étant le faible degré de vaccination de la population. Face à l’urgence de la sensibilisation de la population à l’importance de la vaccination, tant les pouvoirs publics que la société civile ont insisté sur la nécessité d’une implication active des groupes religieux dans la campagne de vaccination.

En conséquence, de nombreux représentants de l’Église orthodoxe roumaine (le groupe religieux majoritaire) se sont exprimés publiquement en direction des croyants en soulignant l’importance de la vaccination et ont encouragé les paroissiens à faire confiance à la science et aux médecins s’ils veulent éviter la maladie ou une forme grave de la maladie. Des médecins ont été invités dans les églises pour parler aux croyants de l’importance et de la nécessité de la vaccination. Même le patriarche Daniel, dans le message adressé aux pèlerins participant cette année au pèlerinage annuel dédié à Saint Démétrius (saint patron de Bucarest, 21-28 octobre) a réitéré son appel aux croyants « à prendre soin de leur propre santé en suivant strictement les conseils des médecins et les mesures sanitaires décidées par les autorités compétentes ».

Cependant, malgré ces positions officielles, et dans le contexte où un évêque de l’Église orthodoxe roumaine est décédé récemment des suites de l’infection au Covid-19, certains hiérarques se sont publiquement prononcés contre la vaccination, au motif que le vaccin a des effets négatifs sur la santé, ou que les vaccins sont périmés, ou que les dirigeants du pays ne poursuivent pas les intérêts de la population (les médias rapportent également d’autres positions, marginales mais faisant écho à leur énormité, drôles à première vue, mais quand même « délirantes », de certains clercs orthodoxes avec une certaine notoriété locale. L’idée principale est que le vaccin est un poison et contient des puces et la campagne de vaccination anti-Covid fait partie du plan de réduction de la population de la Terre mis en œuvre par un gouvernement mondial composé d’extraterrestres. Cependant, il semble qu’il s’agirait d’une « campagne de marketing » pour vendre ses CDs et livres ayant le même sujet : la vaccination).

À la suite de ces déclarations, les autorités ont ouvert une procédure pénale contre l’un des évêques pour infraction de « communication de fausses informations ». En même temps, le Patriarche de la Roumanie a envoyé une lettre aux membres du Saint-Synode de l’Église orthodoxe roumaine notant que de telles déclarations portent un préjudice à l’image de l’Église et que sa communication publique sur les questions nationales est une prérogative du Patriarcat et non des unités administratives ecclésiastiques locales. En plus, le patriarche a demandé aux hiérarques d’éviter les déclarations publiques individuelles sur des sujets médicaux ou politiques pour lesquels le clergé n’est pas qualifié.

Afin de limiter l’ampleur de la crise sanitaire, les pouvoirs publics ont décidé de reprendre certaines décisions restrictives, certaines visant directement la vie religieuse. Ainsi, les nouvelles réglementations concernent les règles d’accès aux lieux de culte, la distance minimale de sécurité et les mesures sanitaires spécifiques pour la conduite des activités religieuses. L’accès des fidèles aux lieux de culte et aux lieux où sont organisés les offices et les rassemblements religieux est fait de manière à assurer une superficie d’au moins 2 m² pour chaque personne et une distance d’au moins de 2 m entre les personnes. Les processions religieuses et/ou les pèlerinages continuent d’être organisés, mais avec une distance de sécurité minimale de 2 mètres entre les fidèles.

Bien que pour entrer dans les lieux de culte la présentation du pass sanitaire ne soit pas obligatoire, comme c’est le cas pour la plupart des institutions d’intérêt public, les représentants du culte musulman en Roumanie ont décidé qu’il est obligatoire pour l’accès du public à l’intérieur du Muftiat. En fait, le mufti a été le premier chef religieux à annoncer qu’il avait reçu la troisième dose de vaccin.

  • Octobre 2021 : L’implication des groupes religieux dans la lutte contre la pandémie

Dans le contexte de l’augmentation alarmante des infections dues au virus Sars-Cov-2 enregistrées en Roumanie récemment, le coordinateur de la campagne de vaccination a estimé qu’il était nécessaire d’impliquer davantage les groupes religieux dans la transmission des mesures pour empêcher la propagation du COVID-19 et que leur message à la population doit être que « les gens devraient faire confiance aux médecins ».

En réaction à cette volonté, un représentant de l’Église catholique en Roumanie a déclaré : « Nous faisons confiance à Dieu mais aussi aux médecins. Concernant le salut, faisons confiance à Dieu ! Nous avons montré dès le début de la pandémie le geste du Pape François qui s’est fait vacciner. Nous avons aussi beaucoup de prêtres qui ont été vaccinés. »

Le porte-parole de l’Église orthodoxe roumaine a déclaré à son tour que « nous devons aux médecins non seulement le respect pour leur compétence professionnelle et pour les efforts énormes déployés dans les hôpitaux, mais aussi toute notre confiance et notre gratitude. »

À l’occasion du sermon au service de sainte Parascheva, sa Béatitude Daniel lui-même, Patriarche de l’Église orthodoxe roumaine, a transmis un message exhortant à la multiplication de la prière en ce temps de pandémie. Sa Béatitude a encouragé les fidèles à observer les mesures de protection sanitaire et à écouter les conseils des médecins qui agissent pour soulager les souffrances des malades.

  • Octobre 2021 : Scandale après une enquête journalistique sur les fonds publics alloués à l’Église

Une publication d’investigation a récemment publié deux documents (un article et une vidéo contenant des images capturées avec une caméra cachée) : la cathédrale de la prédation de la nation (allusion à la cathédrale du Salut de la nation ou cathédrale nationale) et le clan du grand Blanc (allusion au Patriarche Daniel de l’Église orthodoxe roumaine, dont la tenue vestimentaire est complètement blanche et surnommé ainsi par certains journalistes), à travers lesquels sont dénoncés la non-transparence et la gestion frauduleuse des fonds attribués par l’état à l’Église orthodoxe roumaine.

Compte tenu de l’ampleur des réactions et l’intérêt du public pour le sujet (plus de 1,4 million de vues sur youtube en moins de 2 jours), cette approche journalistique a eu un impact important sur l’Église orthodoxe roumaine, mais aussi sur la société roumaine dans son ensemble.

L’enquête journalistique affirme avoir démasqué « le réseau secret dans lequel hommes d’affaires, hommes politiques et hauts prélats de l’Église travaillent main dans la main dans une méga entreprise : la construction et la réhabilitation d’églises avec de l’argent public ». Il est également indiqué que « la plus imposante construction érigée en Roumanie au cours des 30 dernières années a englouti des centaines de millions de Lei de fonds publics, mais les citoyens se voient refuser le droit de connaître la destination exacte de l’argent ».

La réaction de l’Église orthodoxe roumaine a été immédiate et véhémente. Elle s’est exprimée par la voix du porte-parole du Patriarcat roumain, ainsi que par deux communiqués de presse (ici et ici) de l’archidiocèse de Bucarest. Pour résumer, du point de vue de l’Église, cette enquête journalistique n’a que le « but pathétique » de frapper l’Église, son patriarche et la foi chrétienne orthodoxe. Cette conviction des représentants de l’Église est renforcée par le fait que les documents journalistiques ont été rendus publics juste au moment du plus grand pèlerinage de Roumanie qui a lieu chaque année le 14 octobre, la fête de Sainte Parascheva de Iaşi.

De nombreuses personnalités publiques, ainsi qu’une partie de l’élite intellectuelle, ont exprimé leur fidélité à l’Église orthodoxe roumaine et au patriarche Daniel, qualifiant à leur tour l’enquête journalistique évoquée comme une « tromperie pathétique », un « faux manifestement biaisé », « un reportage manipulateur » réalisé par « quelques mercenaires du pseudo-journalisme ».

De nombreuses personnes, philosophes ou hommes politiques, ont pris part à la publication qui a mené l’enquête journalistique et estiment qu’elle a mis en lumière « une réalité discrète : la foi du peuple. De simples Roumains, pris entre leur amour pour Dieu et l’avidité des dirigeants temporaires de l’Église. Ces pauvres et fidèles... sauveront l’Église de l’incrédulité, de la cupidité, de la précarité morale et du mensonge ».

Cependant, les conséquences immédiates et concrètes de cette enquête journalistique sont les démissions d’un ecclésiastique, le vicaire diocésain de l’archidiocèse de Bucarest et d’un laïc, membre du Conseil général de Bucarest, d’un parti politique et de l’Assemblée nationale de l’Église (organisme délibératif central de l’Église orthodoxe roumaine). Les deux étaient visés par l’enquête en caméra cachée. La presse rapporte que la Direction nationale anticorruption (DNA) s’est impliquée dans cette affaire.

Du point de vue d’un sociologue des religions, ces révélations sur les affaires ecclésiastiques s’inscrivent dans un contexte totalement défavorable pour l’Église. Le contexte social est difficile (tendance économique à la baisse qui affecte gravement la population), le contexte sanitaire est très difficile (rythme de croissance rapide de l’infection au covid-19), tout cela sur fond de crise politique (la Roumanie est en pleine crise gouvernementale – le gouvernement a été récemment démis de ses fonctions par une motion de censure). La confiance dont l’Église orthodoxe roumaine bénéficiait de la part des Roumains en souffrira certainement. « Ce n’est que maintenant que l’Église orthodoxe roumaine entre véritablement dans la modernité. Cet événement malheureux et si critique de la pandémie met l’Église encore plus fortement face à la modernité. [...] Une rupture entre la politique et l’Église est décidément à opérer. Il arrivera probablement un moment où l’Église ne sera plus financée par l’État, et ce sera peut-être pour le bien de l’Église ».

  • Septembre 2021 : La réaction du Patriarcat roumain envers la résolution du Parlement européen sur les droits des personnes LGBTIQ dans l’Union européenne

Le Parlement européen a adopté, le 14 septembre, la résolution du Parlement européen sur les droits des personnes LGBTIQ dans l’Union européenne par laquelle il « insiste sur la nécessité, pour l’Union, d’adopter une approche commune pour la reconnaissance des mariages et partenariats homosexuels ; invite plus particulièrement les États membres à adopter toute législation utile pour garantir à toutes les familles le plein respect du droit à la vie privée et familiale sans discrimination et du droit à la libre circulation, y compris par des mesures facilitant la reconnaissance, pour les parents transgenres, du genre qui est le leur en droit ».

Par la même résolution, le Parlement « invite la Commission à prendre des mesures concrètes pour que toutes les familles, y compris les familles arc-en-ciel, puissent exercer la libre circulation, conformément à la jurisprudence dictée par l’arrêt Coman et Hamilton (Arrêt du 5 juin 2018, Coman, C‑673/16, ECLI:EU:C:2018:385), où il est précisé que le terme “conjoint” au sens de la directive relative à la libre circulation s’applique également au partenaire de même sexe ; demande à la Commission d’examiner si les États membres respectent l’arrêt Coman et Hamilton et de prendre des mesures au titre de l’article 258 du traité FUE contre ceux qui ne le respecteraient pas ; demande à la Commission d’engager une procédure en manquement contre la Roumanie pour non-respect prolongé dudit arrêt et absence de voies de recours ayant forcé le requérant à se tourner vers la CEDH pour obtenir réparation ».

Concernant cette décision du Parlement européen, le porte-parole du Patriarcat roumain a déclaré que « dans le domaine du droit de la famille et du mariage, les États membres de l’UE ont, et il est naturel d’avoir, une indépendance totale et absolue de légiférer. Par conséquent, la question de la reconnaissance obligatoire du mariage dit homosexuel dans l’ensemble de l’UE ne peut pas être soulevée. Il s’agit d’une construction politique démocratique, et non totalitaire ». Il a ajouté que la position des Églises chrétiennes, mais aussi des autres groupes religieux en Roumanie vis-à-vis du mariage reste celle « fondée sur la loi morale universelle » de « l’union entre l’homme et la femme ».

  • Août 2021 : Le Patriarcat roumain réagit à la rubrique « genre » sur les nouvelles cartes d’identité

Dans le cadre des débats publics sur l’introduction des cartes d’identité électroniques, qui, à la différence des anciennes cartes d’identité, porteront la rubrique « genre » au lieu de la rubrique « sexe », les représentants du Patriarcat roumain ont souligné que le terme « genre » « n’a rien à voir avec l’identité biologique de la personne qui reçoit ce document, mais seulement avec l’idéologie récente du transgenre qui commence à pénétrer comme un gaz toxique dans les interstices de l’espace public roumain ». En réponse, le ministère de l’Intérieur a déclaré que dans la traduction du règlement européen, « gender » signifie « genre », et aussi que la décision du gouvernement sur les nouvelles cartes d’identité prévoit explicitement la mention qu’en Roumanie, « genre » signifie masculin et féminin.

  • Juillet 2021 : Le Patriarcat roumain et la vaccination anti-Covid-19

Un haut responsable roumain a proposé un partenariat entre le gouvernement et l’Église orthodoxe roumaine pour la campagne de vaccination, mentionnant qu’en Grèce, après une telle approche, le taux de vaccination a atteint 50 %.

En réponse, le porte-parole du Patriarcat roumain a mentionné que « l’Église orthodoxe roumaine a déjà affirmé et rendu explicite sa position favorable, naturelle et claire sur l’acte de vaccination en cas de pandémie, exhortant le clergé et les laïcs à vraiment prendre la maladie au sérieux, à être parfaitement informés à partir de sources véritablement crédibles, à consulter les médecins et mettre ainsi en place une option bien fondée en lien avec un acte médical dont dépendent leur santé et leur protection ainsi que celles de leurs proches ».

Il a ajouté, cependant, que « l’implication des groupes religieux dans une démarche de persuasion sur un sujet extra-religieux et dans une problématique dans laquelle seule la compétence médicale est adéquate et pertinente, ne peut transgresser les limites de ce contexte ».

  • Juin 2021 : Un sondage sur la confiance en l’Église orthodoxe roumaine

Selon un sondage publié en juin 2021, 64 % des personnes interrogées ont déclaré avoir une grande confiance dans l’Église. La première réponse citée, avec un pourcentage de 69,7, est l’armée. On trouve ensuite l’académie roumaine avec 53,7 %, et l’Union européenne avec 51,1 %. 30 % des Roumains de la diaspora ont communiqué avec les Églises de leurs communautés.
Une recherche sociologique intitulée « Communication avec les Roumains de partout », menée par RePatriot, montre que 30 % des Roumains de la diaspora ont pu communiquer avec les Églises de leurs communautés.
L’enquête a inclus des Roumains de 31 pays, partant depuis plus de 10 ans, de presque tous les comtés de Roumanie.
RePatriot est une communauté créée comme une plate-forme d’inspiration, de conseil et d’information qui vise à faciliter les opportunités de retour dans le pays aux Roumains vivant à l’étranger.

  • Juin 2021 : La réaction des dénominations religieuses en Roumanie concernant le rapport Matić

Le rapport Matić (La santé et les droits génésiques et sexuels dans l’Union, dans le cadre de la santé des femmes), adopté au Parlement européen le 24 juin 2021, traite de plusieurs sujets controversés : il vise à favoriser l’avortement, critique le droit du personnel médical à l’objection de conscience, encourage l’éducation sexuelle obligatoire pour les enfants de l’école primaire, et promeut les idéologies de genre (qui disent que le genre masculin ou féminin n’est pas lié au sexe biologique, mais est une question de choix de la personne).

Les groupes religieux en Roumanie ont pris position, à la fois avant et après l’approbation du rapport. Parmi les plus notables figurent les suivants :
L’Église orthodoxe roumaine a réagi par sa représentation auprès des institutions européennes, qui a déclaré que le rapport Matić amplifie les divisions au sein de l’Union européenne sur des questions sensibles, qui devraient être réglementées exclusivement en interne par chaque État membre, selon le document fondateur de l’Union. « La représentation de l’Église orthodoxe roumaine auprès des institutions européennes note avec regret ce résultat, signe d’une tendance croissante à remplacer, au niveau européen, une véritable politique de promotion des droits fondamentaux des citoyens — tels que le droit à la vie, à la liberté de conscience ou de droits parentaux — par des idéologies choquantes qui ignorent les besoins et les problèmes réels, tout en amplifiant les divisions entre les personnes, les cultures et les États dans l’Europe d’aujourd’hui. »

L’Église catholique en Roumanie, à travers un communiqué du président de la Conférence des évêques catholiques de Roumanie, a appelé « tous les députés européens de Roumanie à prendre en compte la sensibilité et la complexité de la question, notant que, bien que des besoins tels que les soins maternels, l’accès à l’hygiène, l’arrêt de la violence à l’égard des femmes, l’accès aux vaccins soient mentionnés, le rapport Matić est clairement en faveur de la promotion d’un agenda idéologique contre le droit à la vie et le droit des parents de se prononcer sur l’éducation que reçoivent leurs enfants ». Il a également réitéré la position sur le rapport Matic de la Commission des conférences épiscopales de l’Union européenne (COMECE), publiée le 17 juin 2021.

Dans une déclaration publiée le 25 juin 2021, l’Église adventiste du septième jour estime que le rapport Matic « viole de manière flagrante à la fois les valeurs chrétiennes européennes et les principes fondamentaux de la Bible » et « conteste les initiatives législatives qui vont à l’encontre de la morale chrétienne basée sur la Bible, une valeur fondamentale du christianisme et de la dénomination adventiste ».

  • Juin 2021 : Les dénominations religieuses s’opposent au caractère obligatoire de l’éducation sexuelle dans les écoles

Le Sénat roumain a approuvé le 22 juin 2021, sous une forme plus ancienne (conformément à la position des confessions religieuses), la loi par laquelle l’éducation sexuelle sera introduite à l’école (p. 10) dans un cours d’« éducation pour la vie », à partir de l’année scolaire 2021/2022. Les parents qui ne sont pas d’accord pourront retirer leurs enfants, comme c’est le cas pour les cours de religion.

À cette occasion, les confessions religieuses en Roumanie ont réitéré leur désapprobation face à l’introduction de l’éducation sexuelle dans les écoles et surtout de son éventuel caractère obligatoire.

Les représentants de l’Église orthodoxe roumaine ont déclaré que « l’éducation sexuelle est devenue l’objet de grandes pressions des ONG, ignorant ou sapant notamment la volonté des parents et leurs droits constitutionnels de décider de l’éducation de leurs propres enfants ». Ils ont également ajouté que l’introduction de l’éducation sexuelle dans les écoles vise à affaiblir le rôle de l’Église dans la société et à détruire le concept traditionnel de la famille, et qu’il représente l’expression « de la lutte contre le sens commun menée avec une persévérance accentuée […] par des idéologues (néo)socialistes avec des racines marxistes-léninistes ».

Le Patriarcat roumain, à l’occasion de la dernière réunion de travail du Saint-Synode de l’Église orthodoxe roumaine, a réaffirmé sa position sur « le maintien du caractère facultatif des cours visant à “l’éducation pour la vie” et met en garde contre les risques d’une “éducation sexuelle” avec un contenu idéologique contraire aux valeurs de la famille chrétienne et inapproprié à l’âge des enfants ».

La Conférence des évêques catholiques de Roumanie a annoncé depuis février qu’elle soutenait la nécessité du consentement parental pour les cours d’éducation sexuelle.

  • Juin 2021 : La réaction de l’Évêché orthodoxe roumain d’Espagne et du Portugal aux initiatives législatives ciblant les personnes LGBT en Espagne

Le gouvernement espagnol a approuvé le 29 juin le projet d’une loi permettant à toute personne de plus de 14 ans de changer légalement de sexe sans diagnostic médical.
L’évêché orthodoxe roumain d’Espagne et du Portugal a exprimé son inquiétude au sujet de ce projet de loi dans un communiqué réitérant son allégeance « aux deux millénaires de christianisme au cours desquels l’amour sacrificiel et la liberté responsable sont prêchés, confessant la conviction que l’identité la plus précieuse des personnes est celle des fils et des filles de Dieu. Dans l’orthodoxie, nous cultivons la transfiguration, non la défiguration de l’homme, et nous aspirons à la déification de la nature humaine ».

  • Avril 2021 : L’Église, l’institution en laquelle les Roumains ont la plus grande confiance

Selon la dernière enquête sur la confiance de la population, l’Église reste l’institution dans laquelle les Roumains ont la plus grande confiance. 63 % des Roumains interrogés déclarent faire confiance à l’Église, un chiffre en hausse de 1 % par rapport au sondage de janvier 2021.

  • Avril 2021 : Modification des règles d’inhumation en cas de décès causés par le Covid-19

Les représentants des confessions religieux en Roumanie, par l’intermédiaire du Secrétariat d’État aux cultes, ont demandé la modification de la réglementation en vigueur concernant l’inhumation des personnes décédées infectées ou soupçonnées d’infection par le Covid-19. L’argument principal que ces règles sont en contradiction totale avec le respect de la dignité humaine. De plus, elles ne sont plus conformes aux recommandations actuelles de l’Organisation mondiale de la santé ou de l’ECDC (Centre européen de prévention et de contrôle des maladies). Les représentants des confessions religieuses ont exhorté les autorités à permettre à ceux qui meurent de Covid-19 d’être enterrés selon la tradition de la religion dans laquelle ils vivaient.

Selon l’Ordonnance du ministère de la santé du 6 avril 2020, les familles des personnes décédées des suites d’une infection au Covid-19 sont obligées de faire enlever le corps dans un délai maximum de 48 heures et de l’enterrer dans le temps le plus court possible. Les défunts sont placés déshabillés dans des sacs étanches doubles et aspergés de produits biocides à base de formol. Tout travail d’embaumement ou cosmétique est interdit. Le cercueil est scellé par les autorités dans les unités médicales et son ouverture est interdite. Il est également interdit d’introduire le cercueil dans l’église ou la chapelle mortuaire et le service religieux, restreint, est effectué dans un espace ouvert. À ces restrictions s’ajoutent celles concernant l’ensemble des services religieux, comme la limitation du nombre de participants à 16 personnes.

À la suite de ces prises de position et du fait des protestations de la population, le protocole spécifique sur la mort des patients infectés par le SRAS-CoV-2 a été modifié. Ainsi, selon les nouvelles règles, la famille fournira le cercueil et les vêtements du défunt. L’enterrement (ou la crémation) sera effectué avec le cercueil scellé, dans les conditions d’inhumation habituellement imposées, en respectant la volonté de la famille du défunt et les rituels du culte auquel il appartient.

Concernant les patients infectés par le SRAS-CoV-2, lors de l’hospitalisation dans le service de santé, les patients peuvent bénéficier, sur demande, d’une assistance religieuse, selon les spécificités de la confession à laquelle ils appartiennent, avec l’accord du médecin traitant. Afin d’assurer la protection du clergé et du patient, la visite peut avoir lieu dans les conditions suivantes :
 un seul responsable religieux peut entrer, une fois, chez le patient ;
 le temps alloué au service religieux est de 15 minutes maximum ;
 le responsable religieux porte un équipement de protection complet ;
 seuls les objets de culte qui peuvent être désinfectés avant et après utilisation seront acceptés, avec l’accord du médecin traitant ;
 les objets qui génèrent une flamme, une combustion ou une étincelle (bougies ou encens) ne sont pas autorisés.

  • Avril 2021 : L’intensification du dialogue entre l’État et les groupes religieux sur le thème de la vaccination contre le COVID-19

À l’occasion d’une réunion organisée par le Comité national de coordination des activités de vaccination contre le COVID-19, en coopération avec le Secrétariat d’État aux cultes, les représentants de 17 confessions religieuses (sur un total de 18 confessions religieuses reconnues en Roumanie) ont exprimé leur soutien pour informer leurs croyants sur la campagne de vaccination contre le COVID-19. Sur le même sujet, une rencontre a eu lieu le 16 février entre le président de la Roumanie, Klaus Iohannis, et le patriarche de l’Église orthodoxe roumaine.

Toujours dans le contexte de la pandémie, les autorités ont annoncé que la participation physique des croyants au culte sera autorisée pendant les fêtes de Pâques cette année, mais dans le respect des règles sanitaires.

Bien qu’actuellement la circulation des personnes soit interdite après 20h, la circulation des personnes a été autorisée entre 20h le 3 avril et 2h le 4 avril, pour la participation aux services religieux à l’occasion de la Pâque catholique. Pour le 1er et le 2 mai, la Pâque orthodoxe, les autorités ont décidé quel trafic serait autorisé jusqu’à 5h du matin pendant la nuit de la Résurrection.

  • Avril 2021 : Le rituel du baptême orthodoxe ne va pas changer

À la suite de la mort d’un bébé lors du rituel du baptême orthodoxe (voir le débat actuel de février 2021 : "Le rituel du baptême orthodoxe en question"), de nombreux débats ont été suscités par la mort d’un bébé lors du rituel du baptême orthodoxe sur la possibilité pour l’Église orthodoxe roumaine d’abandonner la pratique de l’immersion totale des enfants dans l’eau bénite. L’Institution de l’Avocat du Peuple s’est également exprimée à ce sujet et a fait une série de propositions à l’Église orthodoxe roumaine : proposer des cours supplémentaires pour les étudiants en théologie, mais aussi pour les prêtres, concernant la pratique liturgique appliquée au sacrement du baptême ; instaurer des discussions détaillées entre le prêtre et la famille du bébé concernant la santé physique de l’enfant ; encourager les parents à instaurer le baptême à un moment où le développement physique de l’enfant permet au rituel de se dérouler sans risques ; expliquer aux parents que l’accomplissement du sacrement du baptême, dans les 40 jours suivant la naissance de l’enfant, n’est pas obligatoire et qu’il n’y a pas de date limite avant laquelle l’enfant devrait être baptisé.

À l’occasion de sa dernière réunion, le Saint Synode de l’Église orthodoxe roumaine a réitéré que l’Église orthodoxe roumaine ne peut pas changer sa doctrine, son rituel ou sa discipline canoniques, car elle a l’obligation de rester en communion dogmatique (doctrinale), liturgique (sacramentelle) et canonique (disciplinaire) avec l’Église orthodoxe universelle, mais a exhorté ses serviteurs à assumer davantage de responsabilités dans l’accomplissement des sacrements. Elle a exprimé quelques recommandations à cet égard :
 avant l’accomplissement du baptême, le prêtre a l’obligation de rencontrer les parents et de s’enquérir de la santé de l’enfant ;
 les facultés de théologie du Patriarcat roumain porteront plus d’attention à la pratique liturgique de l’accomplissement des sacrements, en particulier lors de l’acte des trois immersions lors du service de baptême ;
 des conférences avec des prêtres concernant la bonne exécution des sacrements seront organisées annuellement.

D’autres commentateurs de la vie religieuse étaient d’avis que, lorsqu’il interfère avec la vie religieuse, l’État doit être guidé par le principe de la neutralité religieuse. Tout comme la circoncision des juifs fait partie de l’exercice de la liberté religieuse et toute restriction de celle-ci est une limitation de la liberté religieuse, de même l’intervention de l’État dans la vie liturgique de l’Église orthodoxe roumaine est une violation de la liberté religieuse.

  • Avril 2021 : Le financement des confessions religieuses reconnues

Le projet de budget de l’État pour 2021 prévoit la réduction de près de 89 % des fonds publics alloués à la construction et à la rénovation des lieux de culte, par rapport à l’année précédente. Cependant, la contribution de l’État à la rémunération du personnel religieux devrait augmenter de 2,36 %, et dans le même temps, le budget du personnel de l’enseignement théologique augmente cette année de 33 % par rapport à 2020. Toutefois, il convient de noter que si le système de financement de l’an dernier est maintenu, les confessions religieuses recevront de l’argent supplémentaire sur les ajustements budgétaires au cours de 2021.

  • Février 2021 : Panneaux anti-orthodoxes

Un musée du kitsch a organisé une exposition dans un centre commercial de Bucarest avec des panneaux affichant des photos et des textes explicitement critiques à l’égard de l’Église orthodoxe. Le Patriarcat roumain, ainsi que d’autres commentateurs de la vie religieuse, ont qualifié cette exposition, organisée « dans un temple du consumérisme », comme antireligieux, anticlérical et tournant en dérision des symboles religieux, « nourris par l’idéologie sacrilège du socialisme utopique, qu’il soit marxiste-léniniste, ou nazi, ou, récemment, néomarxiste » ou comme « un exemple d’analphabétisme religieux primitif qui génère un discours de haine ».

  • Février 2021 : La Représentation du Patriarcat roumain à Jérusalem a été vandalisée

Dans la nuit du 2 février, une personne a vandalisé la Représentation du Patriarcat roumain à Jérusalem en tentant de s’introduire dans l’institution. Le Patriarcat orthodoxe de Jérusalem et les autorités israéliennes ont condamné cet acte, qu’ils ont décrit comme une attaque extrémiste religieuse au milieu de la haine des extrémistes israéliens pour la religion chrétienne. Selon eux, cette attaque n’est pas unique et fait partie de la tactique d’intimidation des groupes extrémistes israéliens pour contrôler les propriétés de l’Église orthodoxe à Jérusalem.

  • Février 2021 : Le rituel du baptême orthodoxe en question

Un enfant d’un mois et demi est décédé à la suite du rituel du baptême, qui implique pour les orthodoxes une immersion totale dans l’eau bénite. L’enfant a très probablement inhalé de l’eau après une mauvaise manœuvre du prêtre. Une enquête pénale a été ouverte, le prêtre étant soupçonné d’homicide. Il a été suspendu de ses fonctions religieuses jusqu’à la fin de l’enquête des autorités laïques.

À la suite de ce cas tragique, qui a également attiré l’attention de la presse internationale, plus de 60 000 personnes ont signé une pétition appelant à un changement dans le rituel du baptême orthodoxe. Ce qui est surprenant est le désaccord entre certains membres du Saint Synode de l’Église orthodoxe roumaine. Une première réaction a été que rien ne serait modifié, car le rituel du baptême a été établi par les conciles œcuméniques. Par la suite, certaines voix ont suggéré qu’une révision serait possible.

Clarifications sur le rituel du baptême orthodoxe
Pour les chrétiens, le baptême est la première condition du salut. Par le baptême viennent la mort du vieil homme et sa renaissance à la vraie vie en Christ, le nouvel homme. Par le baptême, le péché ancestral et tous les péchés commis auparavant (concernant les adultes) sont lavés. Le baptisé reçoit le Saint-Esprit et devient membre de l’Église.

L’Église orthodoxe pratique le pédobaptisme (baptême des enfants), suivant les directives du canon 110 du Synode de Carthage (419), l’une des raisons étant que les enfants ne doivent pas mourir non baptisés. Le rituel du baptême implique l’immersion totale du bébé trois fois dans l’eau bénite au nom de la sainte Trinité. L’eau bénite dans laquelle l’enfant baptisé est immergé représente le tombeau du Christ, le retrait de l’enfant de l’eau bénite représente la résurrection du Christ. Ainsi, l’enfant baptisé accède comme le Christ à la nouvelle vie, purifié du péché ancestral. Certains théologiens et canonistes orthodoxes sont même d’avis que si le rituel n’est pas strictement respecté – 3 immersions de l’enfant dans l’eau bénite – le baptême n’est pas valable.

  • Janvier 2021 : La suppression des cours de religion pour les lycées professionnels et technologiques mis en débat

Le ministère de l’Éducation et de la Recherche a mis en débat public les programmes-cadres pour l’enseignement au lycée qui entreront en vigueur à partir de l’année scolaire 2021-2022. Parmi les changements proposés, il y a la possibilité de limiter, voire de supprimer, les cours de religion pour les lycées technologiques et professionnels. Actuellement, la discipline religion est obligatoire, une heure par semaine, pour tout enseignement au lycée.

Lors d’un débat organisé par le ministère, le Patriarcat roumain a exprimé la volonté de conserver une heure de religion par semaine dans le programme scolaire des lycées technologiques et professionnels, comme cela est le cas dans les lycées généraux.

D 6 décembre 2021    AGabriel Birsan

CNRS Unistra Dres Gsrl

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