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Religion et éducation post-secondaire au Canada

Les premiers établissements d’enseignement supérieur dans ce qui est aujourd’hui le Canada étaient des séminaires et des écoles paroissiales des deux groupes religieux établis dans la colonie : les catholiques français et l’Église d’Angleterre (anglicans). Les Français ont institué le Séminaire de Québec dans la ville de Québec en 1663. Ce n’est qu’en 1852, lorsqu’il fut rebaptisé université Laval, qu’il fut autorisé à délivrer des diplômes. Dans le territoire britannique de la Nouvelle-Écosse, les anglicans loyalistes ont fondé l’université de langue anglaise King’s College (1789) pour « God, Law, King, People » (Dieu, Loi, Roi, Peuple). Dans le Haut-Canada, ils créent le King’s College (1827) qui deviendra plus tard l’Université de Toronto. D’autres universités anglicanes et catholiques ont été créées dans tout le pays et sont les premiers établissements d’enseignement des grandes universités laïques d’aujourd’hui.

La loi constitutionnelle canadienne de 1867 a inscrit les droits et libertés religieux dans la loi, afin de faciliter la paix entre les catholiques français et les protestants anglais. Au fil du temps, les droits religieux ont été étendus à d’autres groupes, qui se sont également intéressés à l’élargissement des possibilités d’éducation dans la nouvelle nation. Les presbytériens sont à l’origine de la création de les universités Dalhousie (1818), Queen’s (1841) et de l’université de Winnipeg (1871). Les baptistes sont à l’origine des universités Acadia (1838) et de McMaster (1887). Les méthodistes ont dirigé les universités Mount Allison (1839) et Regina (1974) ; les luthériens ont créé l’université luthérienne de Waterloo (1960).

Le symbolisme institutionnel et l’héraldique encore utilisés aujourd’hui montrent que même les universités prétendument laïques étaient fondées sur les valeurs chrétiennes de leurs fondateurs. Par exemple, l’université McGill (1821), l’un des établissements d’enseignement supérieur laïques les plus importants du Canada, utilise toujours l’emblème héraldique de son fondateur, James McGill, qui comprend un livre ouvert avec les mots Domino Confido (J’ai confiance en l’Éternel). L’université de Saskatchewan (1907) a été créée pour permettre à « tous les individus, sans distinction de race, de croyance ou de religion, d’en tirer le meilleur parti » sous la devise « For God and Country » (Pour Dieu et pour la patrie). L’Université de l’Alberta (1908), fondée par Alexander Cameron Rutherford, avocat baptiste de l’Ontario et premier ministre de l’Alberta, retient comme devise quaecumque vera (toutes les choses qui sont vraies), tirée de Philippiens 4,8 du Nouveau Testament chrétien. L’université Memorial (1925) a été créée à Terre-Neuve sous la direction de John Lewis Patton, fils d’un pasteur congrégationaliste. Elle conserve des armoiries comprenant « une croix, symbole du sacrifice » et des couleurs pour « nous rappeler que le courage tempéré par la miséricorde peut être enrôlé au service de nobles causes ». L’Institut MacDonald (1903), cofondé par la réformatrice presbytérienne de l’éducation Adelaide Hoodless, a été l’un des collèges fondateurs de l’université de Guelph (1964), avec le Collège agricole de l’Ontario (CAO) et le Collège vétérinaire de l’Ontario (CVO), affiliés à l’Université de Toronto. Son travail a également inspiré l’Institut des femmes (AWI) de l’Église unie d’Allanburg, qui a envisagé et dirigé l’effort pluriannuel visant à créer l’université Brock (1964). La nouvelle université a tenu ses premiers cours dans une église unie locale.

Malgré un passé essentiellement chrétien, l’enseignement supérieur canadien est majoritairement public et laïque. Certains établissements ont été créés pour rejeter les valeurs historiquement imposées à l’éducation au Canada. L’université du Québec à Montréal (1969), par exemple, est le fruit d’une dissidence croissante au Québec contre l’autorité de l’Église catholique et l’élitisme anglophone. Ses institutions en réseau mettent l’accent sur les priorités modernes, industrielles, techniques et scientifiques. Le premier établissement d’enseignement supérieur du Canada fondé sur les croyances autochtones a été créé en 1976 sous le nom de Saskatchewan Indian Federated College, en association avec l’université Regina. En 2003, il est devenu l’université des Premières Nations du Canada, dont la mission est de combiner l’enseignement supérieur et les « cérémonies, gardiens du savoir, langues et traditions » autochtones. La dernière charte universitaire accordée au Canada l’a été à l’Université du Yukon (2021). Sa mission institutionnelle comprend un engagement à « honorer les cultures et le patrimoine des Premières nations du Yukon, et [...] à valoriser les contributions des connaissances traditionnelles et des visions du monde autochtones ».

Le pluralisme, la sécularisation et la diversité croissante ont poussé de nombreux établissements d’enseignement supérieur à adapter ou à réformer leurs énoncés de mission, leurs symboles et leurs devises pour les rendre plus inclusifs ou plus explicitement laïques. Cependant, comme la Charte canadienne des droits et libertés de 1982 protège les libertés religieuses de tous les Canadiens et confirme que le multiculturalisme est un pilier central de la société canadienne, des chartes universitaires continuent d’être accordées aux établissements religieux et laïques.

Pour en savoir plus :
 Collèges et instituts Canada.
 Universités au Canada (comprend des partenariats entre universités et collèges).

D 7 mai 2021    AJoanne Benham Rennick

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