eurel     Données sociologiques et juridiques sur la religion en Europe et au-delà

2018

  • Novembre

 Déclaration des représentants des Eglises sur l’élection des juges à la Cour constitutionnelle slovaque

Le 14 novembre 2018, les plus hauts représentants des Églises chrétiennes et des communautés religieuses juives de Slovaquie ont tenu une réunion au cours de laquelle ils ont publié une déclaration concernant l’élection des juges à la Cour constitutionnelle du pays. Selon eux, les juges « devraient respecter les traditions culturelles et religieuses de la République slovaque et l’État de droit, défendre la liberté religieuse et refuser le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme ».

 Nouvelle enquête sur l’affaire d’un évêque accusé d’attouchements

L’affaire des abus sexuels commis par l’évêque gréco-catholique Chautur a été rouverte. Le ministère public a estimé que le dossier avait été classé de manière prématurée.

  • Septembre

 Harcèlement sexuel dans l’Église

En septembre, des accusations ont été portées à l’encontre de l’évêque gréco-catholique Chautur de Košice, qui aurait commis des attouchements sur mineur. La police avait conclu que l’acte n’avait pas eu lieu. L’accusé lui-même se déclarait non coupable. Par la suite, la police a indiqué qu’un délai de prescription de 20 ans s’appliquait à l’acte potentiel et qu’il ne pouvait donc faire l’objet d’une enquête criminelle. Le prêtre orthodoxe Ján F. est également accusé d’attouchements sexuels. Une employée de maison de retraite, aujourd’hui elle-même retraitée, accuse l’évêque de les avoir enfermés dans une pièce avant de commettre des violences sexuelles sur elle.

 Campagne présidentielle

Robert Bezák, l’archevêque destitué, est apparu au début de la campagne électorale lors d’une conférence de presse avec la candidate à la présidence, Zuzana Čaputová, et lui a assuré son soutien.

 Cérémonie de béatification d’Anna Kolesárová

Le 1er septembre, Anna Kolesárová a été béatifiée par le préfet de la Congrégation pour les causes des saints, Giovanni Angelo Becciu. La cérémonie s’est déroulée dans le stade de Čermel et a rassemblé près de 30 000 visiteurs slovaques et étrangers.

 Rencontre internationale des évêques et Convention d’Istanbul

Le 7 septembre, une rencontre de deux jours entre les représentants des conseils épiscopaux de Slovaquie, République tchèque, Pologne, Hongrie, Croatie, Ukraine, Slovénie, Bosnie-Herzégovine et la Conférence épiscopale internationale des saints Cyrille et Méthode, qui regroupe la Serbie, le Monténégro, le Kosovo et la Macédoine, ainsi que les plus hauts représentants du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE), s’est tenue à Bratislava. Le Premier ministre slovaque, Peter Pellegrini, y a également participé. La vérité et la culture de la vie ont été les principaux sujets abordés au cours de cette rencontre. Au total, quatre thématiques ont été discutées : le problème de l’encyclique de Saint Jean-Paul II quant aux questions fondamentales de la morale, l’euthanasie, les risques liés à l’application du droit européen en matière de liberté religieuse et la question de la Convention d’Istanbul. Les participants ont également abordé les questions de l’aide accordée par l’Église catholique aux réfugiés et aux migrants, des différences de salaire entre les pays d’Europe occidentale et centrale, de la migration des jeunes, de la nécessité d’offrir une vie décente aux personnes âgées et de l’idéologie du genre, qui a conduit les évêques à demander aux représentants gouvernementaux de refuser de ratifier la Convention d’Istanbul.

  • Août : Conflit entre une marche des fiertés et une cérémonie de béatification

Les médias ont relayé des discussions concernant la préparation de deux cérémonies organisées à Košice en septembre. Principale activité du Rainbow Pride Festival, le défilé coloré dans les rues de Košice vise à mettre en lumière la nécessité d’assurer les droits de la minorité LGBTI (qui regroupe les minorités lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et intersexuels) et la tolérance à leur égard. La question s’est posée de savoir s’il était approprié d’organiser un autre événement dans la même ville le même jour, à savoir la cérémonie de béatification d’Anna Kolesárová.

  • Juillet

En juillet, la Conférence épiscopale de Slovaquie a publié une déclaration sur l’affaire Coman : un homme marié à Bruxelles n’avait pas été reconnu comme conjoint par un pays de l’UE (à savoir la Roumanie), qui ne reconnaît pas les mariages entre personnes de même sexe. Toutefois, l’avocat général de la Cour de justice de l’Union européenne, Me Wathelet, a estimé que « même si les États membres sont libres de décider de reconnaître ou non les mariages entre personnes de même sexe, ils ne peuvent limiter la liberté de circulation de citoyens de l’UE en refusant au conjoint de même sexe, membre d’un pays non membre de l’UE, le droit d’obtenir une adresse permanente sur son territoire ».
Dans son communiqué, la Conférence épiscopale a souligné que le lien du mariage dépend de la personne qui le forme et a appelé le gouvernement slovaque à initier des changements dans la législation européenne : « Le mariage d’un homme et d’une femme sera toujours le meilleur environnement pour élever des enfants. Il est inexact et faux de qualifier d’égales les autres formes de cohabitation. Cela ne va pas dans le sens de la justice, mais dans celui du chaos. En utilisant la notion de conjoint, neutre du point de vue du genre, la Cour européenne de justice de Luxembourg a, dans son arrêt Coman, contribué à la confusion juridique et sociale [...]. Les gouvernements et les représentants des États dans les structures européennes et internationales, qui participent aux processus législatifs, devraient songer aux conséquences de leurs décisions. Nous nous adressons donc au gouvernement de la République slovaque pour lui demander d’initier des changements dans la législation de l’UE, afin que les États ne soient pas obligés de reconnaître les mariages entre personnes de même sexe, que ce soit pour des raisons de résidence ou autres. »

  • Mai

 Proposition de renforcement de la législation sur l’avortement

Les membres du Conseil national de la République slovaque ont discuté d’un amendement à la loi relative à l’avortement soumis par les membres du parti d’extrême droite Parti populaire Notre Slovaquie, dirigé par Marián Kotleba. Cet amendement propose de renforcer la législation sur l’avortement en Slovaquie et d’interdire les interruptions de grossesse injustifiées. Celles-ci ne seraient autorisées que dans les cas suivants : « Si la vie de la femme est en danger et qu’elle consent à avorter ; si une femme est tombée enceinte à la suite d’un crime comme un viol, que la grossesse n’a pas duré plus de 12 semaines, qu’il n’existe aucun problème de santé susceptible d’empêcher l’avortement et que la femme en fait elle-même la demande ; enfin, une exception peut être envisagée si le développement génétique du fœtus pose problème et que la grossesse n’a pas duré plus de 24 semaines ». Le Conseil de la famille de la Conférence épiscopale de Slovaquie a soutenu l’amendement : « C’est le rôle de l’État de protéger ce droit naturel de l’homme à la vie et de soutenir les lois qui appliquent ce droit. Le Conseil pour la famille de la Conférence épiscopale soutient toute amélioration d’une telle loi, quel qu’en soit l’auteur, car il s’agit d’une priorité morale et sociale que de protéger la vie et la dignité humaine de la conception à la mort naturelle. »

 Convention d’Istanbul

Certains candidats à l’élection présidentielle 2019 ont exprimé leur opinion à propos de la Convention d’Istanbul. Plusieurs d’entre eux ont déclaré qu’ils soutiendraient son adoption.

  • Avril

 Les Églises réagissent au meurtre d’un journaliste

En avril, les plus hauts représentants des Églises chrétiennes et l’Union centrale des communautés religieuses juives de Slovaquie ont adressé une lettre ouverte au nouveau Premier ministre, Peter Pellegrini (qui a remplacé Robert Fico à son poste en mars), dans laquelle ils réagissent à l’évolution de la société après le meurtre de Ján Kuciak, s’opposent à la corruption et expriment leur soutien à l’enquête sur l’affaire et aux efforts des journalistes dans la recherche de la vérité. L’Église évangélique de la confession d’Augsbourg en Slovaquie a également publié une déclaration sur le meurtre de Ján Kuciak, dans laquelle elle appelle à faire toute la lumière sur l’affaire, à punir les responsables et à lutter contre la corruption dans la société.

 Protestation contre la conférence du cardinal Burkev

Des militants des droits de l’homme, menés par Peter Weisenbacher de l’Institut des droits de l’homme, ont préparé une protestation silencieuse contre la conférence d’un cardinal américain controversé, Raymond Leo Burkev, qui est apparu à l’occasion d’un festival chrétien, les Bratislava Hanus Days, sans rencontrer d’opposition. D’après M. Weisenbacher, les opinions du cardinal concernant les droits des femmes et ceux des minorités LGBTI en particulier sont discutables. Le cardinal a occupé par le passé des postes importants au Vatican, avant d’être démis de ses fonctions par le pape.

  • Mars

 Béatification d’Anna Kolesárová

Le 6 mars 2018, l’Église catholique a officiellement reconnu le martyre d’Anna Kolesárová, ouvrant ainsi une voie directe vers sa béatification. Lors d’une audience personnelle tenue le 6 mars avec le préfet de la Congrégation pour les causes des saints, le cardinal Angelo Amato S.D.B., le pape François a autorisé la publication d’un décret de la Congrégation confirmant le martyre. La date de la cérémonie de béatification a été fixée au 1er septembre 2018. Anna Kolesárová, une jeune fille de 16 ans, avait été tuée par un soldat soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale alors qu’elle se défendait contre un viol. Des critiques sont apparues dans les médias, selon lesquelles l’Église accorde plus d’importance à la chasteté qu’à la vie.

 Assassinat d’un journaliste et appels de l’Église au public

En février 2018, le journaliste d’investigation Ján Kuciak, qui travaillait pour le portail d’information aktuality.sk, et sa fiancée Martina Kušnírová ont été assassinés. Ján Kuciak était spécialisé dans les affaires de fraude fiscale. Une cérémonie d’hommage a été organisée par l’archevêque de Bratislava, Stanislav Zvolenský, qui préside également la Conférence épiscopale de Slovaquie. Dans une déclaration, ce dernier a appelé au calme dans les manifestations en Slovaquie : « L’engagement citoyen qui s’est propagé après la mort de deux jeunes gens est une manifestation importante du sentiment d’appartenance. Les questions concernant l’avenir de notre pays sont également importantes. La violence et le crime ne peuvent l’emporter. Ils ne peuvent être éliminés que par la justice et la paix. »

  • Février : Convention d’Istanbul

En février 2018, le Premier ministre slovaque alors en poste, Robert Fico, a décidé de ne pas ratifier la Convention dite d’Istanbul (la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, ou Convention d’Istanbul, est un traité international du Conseil de l’Europe qui considère toute violence faite à l’égard des femmes en particulier comme une forme de discrimination conditionnée par l’histoire et la culture). M. Fico a émis des réserves concernant des contradictions existant, dans certaines parties de la Convention, avec la constitution slovaque, qui définit le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme. Cette décision a été précédée d’une déclaration des représentants des Églises chrétiennes, lue à l’église, qui demandent au gouvernement de la République slovaque de ne pas signer la Convention, faisant valoir que certaines parties pouvaient être considérées comme des manifestations de l’idéologie du genre. La déclaration a été approuvée et signée par les représentants de l’Église catholique romaine, de l’Église évangélique de la confession d’Augsbourg, de l’Église gréco-catholique, de l’Église orthodoxe, de l’Église réformée (calviniste), de l’Église des Frères mennonites, de l’Église méthodiste, de l’Union baptiste, de l’Église vieille-catholique, de l’Église apostolique de Slovaquie et de l’Église adventiste du septième jour. Elle a été suivie d’une autre déclaration, faite par des personnalités publiques, qui demandent aux représentants de l’Église de ne pas induire le public en erreur : « Nous demandons aux représentants de l’Église de cesser de calomnier la Convention aux yeux du public et des fidèles en présentant des allégations fallacieuses et fausses sur la prétendue diffusion d’une idéologie sexiste et antifamiliale. »

  • Janvier

 Rémunération des représentants de l’Église et taxes sur les mariages à l’église

Les prêtres et les membres du clergé ont vu leur rémunération de base augmenter en 2018. Cette hausse a été approuvée par le gouvernement en décembre 2017. Une taxe sur les mariages à l’église, d’un montant de 10 euros, a été introduite à la demande de l’Association des villes et communautés de Slovaquie, enregistrée et soutenue par le vice-président du gouvernement pour la société de l’information alors en poste, Peter Pellegrini. Cette taxe, entrée en vigueur le 1er janvier 2018, devait être payée aux bureaux d’enregistrement locaux. Des militants de l’Église ont lancé une pétition contre la taxe. Róbert Kaliňák, alors ministre de l’Intérieur, l’a supprimée après un accord avec les représentants du Forum des autorités religieuses, qui l’ont jugée discriminatoire, car perçue uniquement dans le cas des mariages à l’église.

 Débats sur la séparation de l’Église et de l’État

Le ministre de la Culture, Marek Maďarič, du parti SMER social-démocratie, prévoyait d’introduire un amendement visant à modifier le soutien financier des églises au premier trimestre 2018. Il a précisé qu’il ne souhaitait pas une séparation totale entre l’État et l’Église, se justifiant sur la base du Traité fondamental avec le Saint-Siège (dit Traité du Vatican), qui oblige la République slovaque à soutenir financièrement l’Église. Il a ajouté que l’Église est très utile dans des domaines tels que les soins de santé et l’éducation, et qu’elle mérite donc ce soutien. L’intervention du ministre lui a valu une volée de bois vert de la part du secteur non gouvernemental, qui a fait valoir que certaines ONG actives dans ces domaines ne reçoivent pas automatiquement de soutien financier de l’État, mais doivent en faire la demande.

D 30 novembre 2018    AMiroslav Tížik

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