Religions et prison
Selon l’article 14 du Code russe d’exécution des sanctions pénales, il est garanti aux détenus la liberté de conscience et de croyance, y compris le droit de professer et pratiquer individuellement sa religion ou de n’en professer et pratiquer aucune, de choisir, d’avoir et de diffuser librement des convictions religieuses et autres et d’agir conformément à celles-ci.
La réalisation du droit à la liberté de conscience et de croyance doit être volontaire, sans nuire à l’ordre interne de l’établissement pénitentiaire et sans léser les droits d’autrui.
Sur demandes des détenus et conformément à leur choix, des ministres du culte appartenant aux organisations religieuses enregistrées par la loi peuvent être sollicités (l’initiative de la rencontre avec un ministre du culte est toujours celle du détenu ; le législateur a limité les activités missionnaires et prosélytes des cultes dans les établissements pénitentiaires). Les entrevues personnelles des détenus avec les ministres des cultes, non limitées en nombre, ont une durée maximale de deux heures chacune. Selon la demande du détenu et avec le consentement écrit du ministre du culte, leur entrevue, y compris la pratique des rites et des cérémonies religieuses, peut se dérouler en tête-à-tête en étant non audible par des tiers, sous contrôle de vidéosurveillance.
Jusqu’à récemment, il n’existait pas en Russie d’aumônerie pénitentiaire subventionnée par l’Etat. Tous les travaux pastoraux étaient effectués par les moyens propres des ministres des cultes et des organisations religieuses. Le nombre des prêtres orthodoxes qui exercent leur service pastoral dans les prisons est aujourd’hui environ de 1200. L’ordonnance du Gouvernement de Russie du 17 octobre 2014 crée les fonctions d’« aumônier » dans les organismes régionaux du Service fédéral d’exécution des sanctions pénales. Les prêtres qui exercent ces fonctions deviennent des fonctionnaires salariés par l’Etat. Leur nombre total est de 85 pour toute la Russie. Les détenus des établissements pénitentiaires ont le droit de pratiquer des rites et des cérémonies religieuses, de détenir des objets de culte et de la littérature religieuse. L’administration pénitentiaire met à disposition les locaux pour l’exercice du culte. La loi a instauré que les organismes fédéraux et régionaux du Service fédéral d’exécution des sanctions pénales concluent des accords de coopération avec les organisations religieuses centrales (une organisation religieuse centrale doit inclure au moins trois organisations religieuses locales, voir Statut des organisations religieuses) pour garantir la liberté de de conscience et de croyance des détenus.
Ces accords ont été conclus entre le Service fédéral d’exécution des sanctions pénales et l’Eglise orthodoxe russe, le Conseil des muftis de Russie, la Fédération des communautés juives de Russie et le Sangha bouddhiste traditionnel de Russie. Un programme sur les principales orientations de coopération a été signé également avec l’Union des baptistes de Russie.
L’Eglise orthodoxe russe dispose d’un département gérant le service pastoral dans les prisons (anastasia-uz, en russe).
En 2013, 581 édifices du culte ont été mis à disposition dans les établissements pénitentiaires de Russie, dont 517 églises orthodoxes russes, 51 mosquées, 7 édifices bouddhistes et 4 catholiques. On compte de plus environ 780 salles de prière, dont 453 orthodoxes, 228 musulmanes, 56 baptistes, 28 évangéliques, 10 bouddhistes, 8 juives et 1 catholique.
En 2013, se sont tenues dans les établissements pénitentiaires 232 écoles du dimanche (orthodoxes) et plus de 85 écoles bibliques et coraniques auxquelles ont participé plus de 7800 détenus.
Les ministres des cultes coopèrent avec l’administration pénitentiaire pour l’éducation spirituelle et morale des détenus, pour leur resocialisation, pour la préparation des détenus à leur remise en liberté. Les ministres des cultes participent aux commissions de libération conditionnelle. Environ 100 ministres des cultes sont membres des conseils publics placés auprès des organismes régionaux du Service fédéral d’exécution des sanctions pénales.
L’Eglise orthodoxe russe a créé, auprès de certaines de ses paroisses, des fondations pour le soutien et l’assistance aux détenus remis en liberté. Il existe un programme social orthodoxe pour la prévention de la toxicomanie, de l’alcoolisme et de la récidive de la délinquance des mineurs.
Le Conseil des muftis de Russie organise l’éducation spirituelle et morale des détenus musulmans et condamne les activités extrémistes et terroristes. L’Union des baptistes de Russie a fondé plus 100 centres de réhabilitation pour l’assistance aux détenus remis en liberté. Dans les 6 régions de Russie, l’Union des baptistes conduit le projet social « La jeunesse contre des drogues » pour encourager un mode de vie saine et prévenir la toxicomanie.