2013
- Juillet 2013 : interdiction de la burqa en Catalogne
Le 17 juillet, le Parlement catalan a adopté une motion exhortant le Gouvernement catalan à réglementer le fait de se couvrir le visage dans les lieux publics. Le parti gouvernant actuellement la région, Convergence et Union (CiU), a soutenu cette motion. Elle est également soutenue par le parti populaire (PP), le parti socialiste catalan (PSC) et le parti de la citoyenneté (C’s). Les autres partis ont voté contre : ICV-EUiA (Iniciativa per Catalunya Verds – Esquerra Unida i Alternativa) et CUP (Candidatures d’Unitat Popular) ou se sont abstenus : ERC (Esquerra Republicana de Catalunya). Les arguments pour la défense de cette motion sont formulés en utilisant des termes liés aux problèmes de sécurité et non des termes religieux.
Outre les partis politiques, de nombreux acteurs ont pris part à ce débat. Deux jours après son adoption, dix associations, parmi lesquelles Amnesty International Catalonia, SOS Racism Catalonia ou l’Association des femmes musulmanes de Catalogne, ont signé un manifeste rejetant la motion.
Le débat sur l’interdiction de la burqa et du niqab n’est pas récent en Catalogne. En octobre 2010, le conseil municipal de Lleida (Catalogne) a adopté une motion ajoutant l’interdiction du port du voile intégral dans les établissements publics municipaux à la réglementation civique de 2007. Au cours de la même année, d’autres villes, comme Barcelone et Tarragone, ont également interdit le port de la burqa dans les établissements publics. Bien que la Catalogne soit la région la plus active pour l’interdiction de la burqa, ce problème est, cependant, également propulsé sur le devant de la scène politique nationale et d’autres villes comme Sa Pobla (îles Baléares), Galapagar (Madrid) ou Coín (Andalousie) l’ont également interdite. De plus, en 2010, le ministre espagnol socialiste de l’Égalité a affirmé la nécessité d’une réglementation générale concernant le port du voile intégral en Espagne. Le parti populaire a également présenté une motion au Sénat espagnol pour interdire le port de la burqa au niveau de la législation nationale. Cependant, ces politiques ne sont pas aisées à appliquer. Dans le cas de Lleida, la Catalan Justice Supreme Court (Cour suprême de justice catalane) a soutenu cette mesure en juin 2011 mais elle a ensuite été annulée par la Cour suprême espagnole en février 2013.
- Mai 2013 : Enseigner la religion dans les écoles publiques
L’enseignement de la religion dans les écoles publiques a toujours suscité en Espagne un débat animé. Le sujet est également une ligne de démarcation entre droite et gauche.
La dernière réforme du système éducatif espagnol (LOMCE), approuvée par le Conseil des ministres le 17 mai 2013 et en passe d’être discutée au Congrès (où il sera vraisemblablement accepté du fait de la majorité absolue du parti populaire de droite), accorde plus de place à la religion dans les écoles. La matière "éducation à la citoyenneté et aux droits de l’Homme", introduite en 2006 par le gouvernement socialiste, va disparaître. A la place, les élèves auront à choisir entre des cours de religion confessionnels ou une matière appelée “valeurs culturelles et sociales” dans l’enseignement primaire et “valeurs éthiques” dans le secondaire. De plus, les notes obtenues dans les cours de religion seront à nouveau prise en compte dans la moyenne générale des élèves, comme elles l’étaient jusqu’en 1990. La réforme vise aussi à conserver le financement public des écoles non mixtes, question controversée, qui suscite le débat public et a déjà été portée devant les tribunaux dans différentes régions d’Espagne.
La réforme est violemment contestée (pour différentes raisons), non seulement par les partis politiques de l’opposition (PSOE, IU, UPyD, entre autres), mais aussi par une grande partie du milieu éducatif et le Conseil d’Etat. Ce dernier critique l’enseignement de valeurs "culturelles" et demande qu’une éducation à la citoyenneté fasse partie des matières obligatoires du programme scolaire. Il remet également en question le financement public des écoles non mixtes, se basant sur les décisions de la Cour suprême espagnole. Le Conseil d’Etat affirme que le nouveau statut donné à un enseignement confessionnel du fait religieux représente un retour en arrière par rapport à la situation actuelle.