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Le paysage religieux canadien

Le paysage religieux canadien

En matière de religion, le Canada est souvent décrit comme à mi-chemin entre les États-Unis et l’Europe. Les indicateurs de religiosité et de spiritualité (par exemple, la participation aux cérémonies religieuses ou la croyance en une transcendance) n’atteignent pas, au Canada, les valeurs que l’on trouve ailleurs en Amérique du Nord ; mais ils se distinguent également des fortes trajectoires de déclin qui marquent nombre de nations européennes. Ce constat posé, au cours des dernières décennies, les caractéristiques des tendances religieuses au Canada ont été pour beaucoup similaires à ce qui pouvait être observé dans les autres sociétés occidentales.

Pluralisation

Avant tout, le paysage religieux canadien s’est diversifié, au sein même du christianisme comme parmi les religions non chrétiennes. Si, aujourd’hui, la majorité chrétienne représente 53 % de la population, les adhérents des religions non judéo-chrétiennes, incluant les spiritualités autochtones, rassemblent 12 % de la population totale (recensement de 2021) – ils étaient 3 % en 1971. Des pratiques religieuses élevées accompagnent également le phénomène migratoire : en 2020, 46 % des pratiquants réguliers (qui assistent au moins une fois par mois aux cérémonies religieuses) sont nés hors du Canada, alors que 30 % de l’ensemble de la population canadienne est né à l’étranger (Enquête sociale générale 2020).

Déclin de la pratique et de l’affiliation religieuse

Parallèlement à l’accroissement de la pluralisation religieuse, on observe une diminution significative de la pratique en général au sein des religions instituées, comme de l’identification avec une tradition religieuse. Les pratiquants réguliers, qui assistent au moins une fois par mois aux services religieux en ligne ou en présentiel, ont atteint le faible seuil de 19 % de la population totale en 2020 (ESG 2020). Bien que ceux qui disent ne pas avoir de religion forment encore une minorité estimée à 35 % de la population (recensement de 2021), leur proportion dans la population totale a augmenté depuis les années 1970 (ils représentaient 4 % de la population dans le recensement de 1971). Ce phénomène des « sans religion » est particulièrement présent parmi les générations des jeunes : par exemple, parmi ceux âgés de 15 à 34 ans en 2020, 51 % affirmaient ne pas avoir de religion (ESG 2020). De plus, il reste une part relativement importante de Canadiens affirmant croire en Dieu ou en une puissance supérieure, bien que cette proportion soit aussi en diminution : en 2020, on estime que 59 % des adultes canadiens croient en Dieu (World Values Survey 2020).

Les variations régionales

Au regard des religions et de la spiritualité, ce qui distingue le plus le Canada des autres pays est sans doute ses fortes variations régionales de l’Est à l’Ouest, du Sud au Nord. Des trajectoires historiques particulières et des cultures régionales diverses ont ainsi façonné le Canada, pour aboutir non à un paysage religieux unifié, mais à de nombreuses variations. Ce n’est guère une surprise, le Canada étant 40 fois plus grand que le Royaume-Uni, mais ne compte que 57 % de sa population. Pour donner un exemple : la province majoritairement catholique du Québec (54 % de la population se déclare catholique, recensement de 2021), caractérisée par un taux de pratique régulière particulièrement bas (11 % assistent aux services religieux au moins une fois par moins, ESG 2020), contraste fortement avec le paysage religieux plus polarisé de la Colombie-Britannique, marqué par un taux très élevé de « sans religion » (52 %, recensement de 2021), mais également par des taux relativement élevés de pratique régulière parmi ceux affiliés à une religion (31 % de pratiquants réguliers – une pratique mensuelle ou plus fréquente – parmi les affiliés, ESG 2020).

L’ensemble des graphiques et tableaux a été réalisé par Sarah Wilkins-Laflamme.

Graphique 1 : Affiliation religieuse au Canada (incluant les territoires), 2021.

Source : Recensement 2021, Statistique Canada.

Graphique 2 : Indicateurs de religiosité/spiritualité individuelle au Canada (excluant les territoires), 2020.

Source : Enquête sociale générale 2020, Statistique Canada.

Graphique 3 : Assistance aux services religieux au moins une fois par mois et taux de sans religion, Canada (excluant les territoires), 1985-2020.

Source : Enquêtes sociales générales 1985-2020, Statistique Canada.

Tableau 1 : Affiliation religieuse, selon les régions canadiennes (%), 2021.

Atlantique Québec Ontario Prairies CB Territoires du Nord Canada
Sans religion 29,9 27,3 31,6 38,9 52,1 41,9 34,6
Catholique 32,2 53,8 26,0 20,9 12,0 23,0 29,9
Église Unie 7,7 0,2 4,1 4,7 2,6 1,7 3,3
Anglican 9,4 0,7 3,7 2,7 2,8 16,8 3,1
Luthérien 0,3 0,1 0,8 2,3 0,9 0,5 0,9
Presbytérien 1,3 0,1 1,4 0,5 0,6 0,2 0,8
Baptiste 4,6 0,4 1,2 1,1 1,2 1,2 1,2
Pentecôtiste 2,2 0,5 1,2 1,4 0,8 2,1 1,1
Chrétien orthodoxe 0,3 1,8 2,4 1,4 0,9 0,3 1,7
Autre chrétien 9,0 7,3 11,2 15,7 12,5 8,3 11,2
Musulman 1,3 5,1 6,7 3,9 2,6 0,9 4,9
Juif 0,2 1,0 1,4 0,4 0,5 0,1 0,9
Hindou 0,6 0,6 4,1 1,7 1,7 0,4 2,3
Sikh 0,4 0,3 2,1 2,2 5,9 0,4 2,1
Bouddhiste 0,2 0,6 1,2 0,8 1,7 0,5 1,0
Spiritualités autochtones 0,1 0,0 0,1 0,7 0,2 0,7 0,2
Autres religions non chrétiennes 0,52 0,3 0,6 0,7 1,0 0,9 0,6
Total 100 100 100 100 100 100 100

Source : Recensement 2021, Statistique Canada.

Tableau 2 : Fréquence d’assistance aux services religieux selon les régions canadiennes (%), 2020

Atlantique Québec Ontario Prairies CB Canada au total
Au moins une fois par semaine 13 6 15 15 11 12
Au moins une fois par mois 6 5 7 7 6 6
Au moins une fois par année 22 20 23 22 17 22
Jamais 59 69 55 56 66 60
Total 100 100 100 100 100 100

Source : Enquête sociale générale 2020, Statistique Canada.

Sources :
 World Values Survey, 2020, septième vague.
 Enquêtes sociales générales (ESG), 1985-2020 [Canada] : cycles 1-35, fichier de microdonnées à grande diffusion (FMGD) ; Statistiques Canada.
 Recensement de la population, 1971 et 2021 [Canada] : Statistiques Canada.

D 17 janvier 2023    ASarah Wilkins-Laflamme

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