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2009

  • Octobre 2009 : reprise des relations diplomatiques entre l’Arménie et la Turquie

Par l’intermédiaire de la Suisse, le 10 octobre 2009, les ministres arménien et turc des affaires étrangères ont signé deux protocoles à Zurich (Suisse) en présence des ministres des Affaires étrangères des pays du groupe MINSK (États-Unis, Russie et France).
Ces accords prévoient "l’établissement des relations diplomatiques" et "le développement des liens bilatéraux" entre ces deux pays. Outre leur contenu, la signature de ces accords représente le premier pas vers un dialogue entre deux pays n’ayant plus de relations depuis une quinzaine d’années, c’est à dire depuis l’occupation de la province du Haut-Karabakh par l’Arménie en 1993. Les protocoles répondent à deux problèmes encore non résolus à ce jour et mettant à mal les relations entre ces deux voisins. Il s’agit en effet d’une part de rouvrir leur frontière commune, fermée par la Turquie en 1993. D’autre part, une commission mixte d’histoire et de recherche sera créée afin de lever le voile entourant les évènements de 1915, qualifiés de génocide par les Arméniens.
Ajoutons que cette signature intervient entre deux États où le nationalisme reste très vif. La diaspora arménienne, farouchement opposée à ce rapprochement a un fort pouvoir dans ces deux pays ; l’Azerbaïdjan s’oppose également à ce rapprochement et accuse la Turquie de l’avoir abandonné.
Aujourd’hui, les débats font rage. Les deux protocoles doivent encore être soumis aux assemblées nationales turque et arménienne pour ratification dans un proche avenir. La bonne volonté politique des deux États en l’espèce n’écarte pas cependant les difficultés liées à ces accords, dont la vive opposition de l’Azerbaïdjan à l’ouverture de la frontière : il refuse cette possibilité tant qu’il ne reprend pas le contrôle des territoires actuellement sous administration arménienne.
Ce rapprochement entre Arméniens et Turcs a débuté avec les efforts de Hrant Dink, journaliste et intellectuel de gauche arméno-turc, qui a été assassiné en janvier 2007 par des milieux nationalistes encore mal définis. Le tabou sur la question arménienne est désormais levé en Turquie où des intellectuels, la presse et l’opinion publique débattent de la qualification de génocide.

D 19 novembre 2009    AInan Sevinç

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