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Le royaume hongrois et la monarchie des Habsbourg

Après la chute de la Grande-Moravie en 906, l’ensemble de la métropole slavone disparut progressivement. Il fallut deux à trois siècles pour que le territoire abritant des habitants slaves soit intégré à la toute jeune Hongrie, au sein de laquelle il demeura pendant près de mille ans. La partie du territoire qui accueillait au 9e siècle la principauté de Pribina resta le noyau historique du pays slovaque. Le patriarche byzantin Teofilaktos (933 – 956) missionna des moines bulgares en Hongrie afin de maintenir la langue liturgique ainsi que l’ensemble des rites orientaux. Le premier évêque de Hongrie, Hieroteos, fut l’un des envoyés.
Le territoire de la Slovaquie actuelle, intégré au royaume hongrois, rejoignait progressivement la sphère d’influence de l’Eglise occidentale. Du 10è au 12è siècle, le territoire de la Slovaquie actuelle était parcouru d’un réseau de monastères bénédictins, cisterciens et prémontrés qui constituaient de véritables centres de développement culturel et économique.
Durant le règne du premier roi hongrois, Etienne Ier (1000 - 1038) fut formée une organisation étatique exclusivement hongroise qui par bien des aspects rappelait la précédente organisation de Grande-Moravie. Grâce à ses efforts et aux fonds versés pour asseoir la christianisation, Etienne Ier fut canonisé à la fin du 11e siècle. L’Etat dans son ensemble était construit comme un Etat chrétien européen, avec le latin à la fois langue officielle et langue liturgique. Il constituait la frontière orientale d’une sphère de civilisation catholique latine. La province religieuse hongroise possédait deux archidiocèses : la majorité du territoire slovaque était placée sous l’autorité de l’archidiocèse de Esztergom, et la Slovaquie orientale relevait du diocèse d’Eger. Au début du 12e siècle, le diocèse de Nitra fut restauré. Il existe des preuves historiques attestant de la présence de communautés religieuses juives sur le territoire slovaque au début du 11e siècle. Leur nombre augmenta particulièrement après l’expulsion des Juifs de Bohême et de Moravie au cours de la deuxième moitié du 11e siècle.
Les mouvements hussites de Bohême trouvèrent un écho en Slovaquie, en particulier à cause du conflit persistant entre les Hussites et le roi Sigismond. Ils voyaient en lui leur pire ennemi et le responsable de la mort sur le bûcher de Jan Hus. De 1428 à 1432 les armées hussites firent plusieurs incursions en Slovaquie et conquirent un certain nombre de châteaux et de villes fortifiées. Les idées hussites trouvèrent un certain écho, particulièrement chez les citadins, les châtelains désargentés et les populations pauvres des villes. Les prêcheurs hussites furent également actifs, mais le mouvement hussite ne reçut toutefois pas un large soutien public. Les tentatives des armées hussites pour ruiner l’économie du royaume de leur pire ennemi sont la principale raison de ce manque de popularité. Elles mirent à sac plusieurs villages et quelques villes, ce qui explique la peur justifiée qu’éprouvait le peuple pour les Hussites.
A l’époque des batailles entre les Habsbourgs et l’aristocratie, qui se conjuguaient avec les pressions du redoutable empire d’Osman et la bataille de la Réforme contre la Contre-réforme, la Slovaquie devint le centre de la Hongrie des Habsbourgs. En tant que ville où avaient lieu les rencontres du concile et les couronnements des rois hongrois, Presbourg devînt sa capitale.
Le despotisme éclairé des Habsbourgs au 18è siècle amena les rois à interférer dans les affaires internes de l’Eglise. En 1723, l’empereur Charles VI interdit aux institutions religieuses d’acquérir des terres, l’impératrice Marie-Thérèse mit en place une inspection publique de l’administration des biens des monastères et de l’Eglise. Les profits réalisés par les fondations religieuses furent utilisés au bénéfice de l’armée et du système éducatif public. L’empereur Joseph II émit même des décrets relatifs à des questions liturgiques. Il ferma des monastères contemplatifs et utilisa leurs biens pour créer de nouvelles paroisses avec les revenus fonciers des Eglises. Durant le règne de Joseph II, le clergé devint assujetti aux cours séculières. L’"Edit de tolérance" de 1781 entra en vigueur.
En 1848, une constitution qui garantissait la liberté de religion et de conscience entra en vigueur dans la monarchie autrichienne. Un processus d’émancipation religieuse se mit en branle. Le concordat de 1855 permit à l’Eglise catholique de bénéficier d’une grande autonomie dans différents domaines de son activité. En 1870, l’Etat autrichien mit fin au concordat suite à l’approbation du dogme sur l’infaillibilité pontificale lors du premier concile du Vatican. En 1874, le gouvernement vota une loi relative à la réforme des relations extérieures de l’Eglise catholique, qui permit à plusieurs reprises de consolider les liens entre le Saint-Siège et la monarchie. On s’accorda sur une relation paritaire entre l’Eglise catholique et l’Etat. L’Etat prit la même position vis-à-vis des non-catholiques.
La législation hongroise a établi une différence parmi les Eglises, entre celles qui étaient admises par la loi, reconnues par la loi, et non reconnues par la loi. La principale différence résidait dans le fait que les prérogatives, le soutien et l’aide de l’Etat étaient exclusivement réservés aux Eglises admises, alors que les Eglises reconnues étaient considérées quasiment comme des associations de droit privé. Les Eglises non reconnues n’étaient même pas considérées comme des entités juridiques privées et se voyaient appliquer la règlementation relative aux rassemblements publics. La révolution de mars 1848 légitima l’égalité totale entre toutes les Eglises admises, et le règlement XX/1848 établit que l’Etat devait couvrir les frais et les besoins des Eglises et des écoles des Eglises admises. La loi XX/1895 devint la réglementation de base concernant la position de l’Etat vis-à-vis de la religion. A partir de son entrée en vigueur, le développement politico-religieux de la législation hongroise atteignit son apogée avant 1918. La réforme était fondamentalement identique à la législation autrichienne, et les règlementations précédentes concernant toutes les Eglises et associations religieuses reconnues restèrent valables.

D 3 octobre 2012    AMichaela Moravcikova

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