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Moravia Magna

Les début de la chrétienté attestés historiquement sur le territoire qui englobe la Slovaquie actuelle remontent à la période de la Grande-Moravie, et donc à la première moitié du 9è siècle. Cette époque fut marquée par l’achèvement sur ce territoire du processus d’unification d’ethnies slaves apparentées. Mojmír était le souverain de la principauté, caractérisée par sa bonne organisation et sa composition multiethnique, et disposant de plusieurs centres économiques et politiques. Il maintint de bonnes relations avec les Francs et autorisa le clergé franc, des missionnaires, à entrer dans la principauté. A la même période, un autre centre occidental slovaque multiethnique naquit autour de Nitra, sur le territoire de la Slovaquie actuelle. La principauté de Nitra, qui étendit progressivement son pouvoir sur l’ensemble de la partie occidentale et sur une partie du centre de la Slovaquie actuelle, comptait trente centres économiques et politiques.
Pribina fut le premier prince slave historiquement reconnu. Son attitude, à l’origine dédaigneuse vis-à-vis de la chrétienté, était une réaction à l’aversion que lui inspirait l’expansion franque. Bien qu’il tolérât les activités de missionnaires bavarois sur le territoire slovaque, il resta lui-même païen. Durant son règne, en 828, l’archevêque de Salzbourg, Adalram, consacra le premier temple chrétien au château de Nitra, sur son territoire. En 835, le prince morave Mojmír I, lui-même déjà chrétien, conquit Nitra et expulsa Pribina. Les deux principautés ne constituèrent plus qu’une unité territoriale, qui fut ensuite appelée Grande-Moravie. Plus tard, le roi de Francie orientale, Louis II le Germanique, usurpant le trône de Mojmír I, confia la couronne à son fils Rastislav. Rastislav s’attela sans relâche à former la nouvelle conception moravo-slovaque. Du point de vue militaire et économique, il tenta d’échapper complètement à l’influence bavaroise et de construire une administration religieuse souveraine de Grande-Moravie indépendante de l’épiscopat bavarois. En 861, il envoya un message au pape Nicolas Ier lui demandant de lui envoyer un évêque et des missionnaires parlant le slavon. Le pape n’accéda pas à sa requête, probablement parce qu’il n’avait pas de tels missionnaires à sa disposition. Comme le prince Rastislav désirait réaliser son projet d’administration religieuse indépendante de Grande-Moravie dans les plus brefs délais, il se tourna vers l’empereur byzantin Michel III en 862. On peut supposer qu’il tenta d’obtenir l’aide de Constantinople, aussi bien dans le domaine religieux que dans le domaine politique. Du fait de son extension territoriale, la Grande-Moravie se retrouva dans le voisinage direct du puissant royaume bulgare. A cette même période, Louis II le Germanique commençait à établir des contacts de plus en plus fréquents avec les Bulgares. Rastislav, redoutant probablement une attaque, espérait se voir envoyer un soutien potentiel avec les missionnaires. Un an plus tard, Michel III envoya les frères Constantin et Méthode en Grande-Moravie. Grecs, ils étaient originaires de Thessalonique et parlaient une langue slave – un dialecte du sud de la Macédoine. Constantin créa l’alphabet slave – l’alphabet glagolitique, qu’il utilisa pour la traduction des livres sacrés en slavon (vieux slave). Cette mission apporta également les œuvres de Méthode, qui avait été formé au droit : les "Lois pour le peuple" (Zákon sudnyj ljudem) et "Recommandation au gouverneur" (Nomokanon) par exemple. Dans le premier ouvrage, il dépeint l’organisation légale et religieuse du pays, et dans le second il décrit les devoirs d’un gouvernant et se livre à une critique morale de la noblesse de l’époque, n’épargnant pas le roi.
Le rôle important joué par l’Eglise dans le renforcement de la position de la Grande-Moravie et du pouvoir de l’Etat est reflété dans le fait que l’archevêque Méthode se soit vu confié la charge de chef du cabinet du roi de Grande-Moravie. Le pape Adrien II nomma Méthode premier archevêque de Grande-Moravie et de Pannonie – légat dans les pays slavons durant l’hiver 869 et 870.
Le pape Jean VIII rédigea un épître Industriae tue (juin 880), adressé à Svätopluk (Sventibald) – le gouverneur de Grande-Moravie, dans lequel il exprimait notamment son approbation de la liturgie en slavon. Au 9e siècle, la Grande-Moravie jouissait d’une organisation étatique relativement stable, et un royaume assez important se forma autour du centre morave de Nitra. Ce royaume joua un rôle significatif dans les territoires d’Europe centrale. Les valeurs culturelles slavonnes, héritées de la Grande-Moravie, survécurent jusqu’au cœur du haut Moyen-Age et enrichirent la civilisation féodale européenne encore en formation, principalement dans le monde slave.

D 3 octobre 2012    AMichaela Moravcikova

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