Les cours de religion dans l’enseignement public roumain contemporain
La question de l’éducation religieuse dans l’enseignement public roumain a généré au cours des seize dernières années des controverses et des débats enflammés, tant au sein de la société civile qu’au niveau des autorités publiques. Certains abus ou manques ont été signalés dans l’application effective des dispositions légales concernant l’enseignement de la religion dans les écoles. Des voix appartenant à des confessions minoritaires se sont plaintes des difficultés rencontrées par leurs fidèles dans l’organisation des cours de religion de leur propre croyance.
Dans certains cas, des professeurs sans expérience furent suspectés de manquer de tact professionnel ou de manifester un excès de zèle inadapté à l’enseignement public et qui risquait de transformer le cours de religion en un outil de prosélytisme et d’endoctrinement.
D’autres opinions, provenant surtout de la société civile et des intellectuels laïques, soutiennent que le cours de religion devrait se limiter à transmettre aux élèves des connaissances et des informations religieuses à caractère général, non confessionnelles, sans aucun élément de catéchèse ou d’endoctrinement. On considère cependant par ailleurs que l’enseignement de la religion dans les écoles publiques constitue une modalité nécessaire qui assure la sauvegarde et l’affirmation de l’identité nationale, véritable "synthèse de culture latine et de foi orthodoxe" (Mihai St.Ene, Statutul Învatamantului teologic si al educatiei religioase din România, dupa 1989, Universitatea din Bucuresti, 2002, p. 65).
Au-delà de ces attitudes diverses, les effets positifs pratiques de l’enseignement de la religion à l’école, surtout dans le sens de la moralisation et de l’augmentation du niveau culturel religieux des élèves et de leur intérêt pour les services religieux, commencent à se faire sentir, y compris sur le plan sociologique. La nécesaire présence de la religion parmi les disciplines scolaires est soutenue et justifiée par de solides arguments d’ordre culturel, théologique, sociologique, psychologique, pédagogique, éthique, historique, et oecuménique (Constantin Cucos, Educatia religioasa, repere teoretice si metodologice, Iasi, Editura Polirom, 1999, pp. 13-15). Par conséquent, au-delà des difficultés inhérentes à la mise en oeuvre de la législation concernant l’éducation religieuse dans l’enseignement public, la présence de la religion dans les programmes scolaires roumains après 1990, comme objet d’étude facultatif et optionnel, est généralement appréciée comme une source nécessaire et sûre "d’éducation, de socialisation et de spiritualisation (...) d’amour, de tolérance et de bienveillance entre les hommes (...) de valeurs authentiques, même sans être identiques". (Conf. Univ. Dr. Constantin Cucos, "Problemele educatiei religioase", in Biserica si problemele vremii, An I, No.I, Janvier 1998, p. 10).
Pour en savoir plus sur les aspects historiques et juridiques de l’enseignement de la religion, voir aussi l’article de la rubrique "Statut juridique des religions".