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Parcours historique

L’Église orthodoxe de Lettonie

La Lettonie est entrée dans l’Empire russe au XVIIIe siècle. À cette époque, des changements radicaux ont également eu lieu sur le territoire letton en termes de relation entre l’Église et (...)

La Lettonie est entrée dans l’Empire russe au XVIIIe siècle. À cette époque, des changements radicaux ont également eu lieu sur le territoire letton en termes de relation entre l’Église et l’État, car l’Église orthodoxe de Russie faisait alors partie de l’appareil administratif de l’État. En 1710, après la prise de Rīga et de la partie centrale de la Lettonie (Vidzeme), un accord a été conclu entre l’aristocratie allemande et l’État russe concernant l’entretien de l’Église luthérienne et des écoles aux dépens de l’État, ainsi que la libre propagation de l’orthodoxie dans le territoire conquis. Ce principe de parité juridique entre l’Église évangélique luthérienne et l’Église orthodoxe russe est resté en vigueur jusqu’au début du XIXe siècle, lorsque l’Empire russe a emprunté la voie de l’unification étatique ethnique et religieuse. En 1832, cette parité juridique a disparu avec la réduction du statut de l’Église évangélique luthérienne (elle est devenue une église religieuse établie), tandis que le statut de l’Église orthodoxe a gagné en importance (de façon similaire à une Église d’État établie). L’Église orthodoxe est devenue un pilier important de la politique impérialiste russe, facilitant le programme de russification. Les privilèges de l’Église orthodoxe n’ont pas été retirés pendant la période de réforme des années 1860, et la Lettonie a été soumise à une russification puissante et systématique sans précédent, combinée à l’imposition de l’orthodoxie, dans les années 1880-1890. Historiquement, chaque groupe ethnique en Lettonie s’était empêtré dans l’une des confessions religieuses et, à la suite des politiques mises en œuvre dans l’Empire russe, la société s’est divisée de manière plus marquée en plusieurs groupes ethniques et confessionnels.

Avec la soumission de l’ensemble du territoire letton par la Russie (1795), la construction des églises orthodoxes en Lettonie a commencé, même si en 1800 seulement 0,6 % de la population était russe. En 1871, 147 églises orthodoxes opéraient dans la seule éparchie de Rīga. Le territoire de la Lettonie a été inondé de bureaucrates russes, en raison de la politique de russification, et, à partir de 1882, seule la langue russe pouvait être utilisée au sein des institutions publiques. À la fin du XIXe siècle, un certain nombre de Lettons se sont convertis à l’orthodoxie, adoptant la religion du tsar pour des raisons économiques. Au début du XXe siècle, des prêtres orthodoxes d’origine lettone ont également servi dans des congrégations orthodoxes lettones. Cependant, les autorités de l’Empire russe ne faisaient pas confiance à ces prêtres et ont essayé de limiter leur nombre.

Le tsar a tenté de sauver la monarchie pendant la révolution de 1905 en restreignant le statut privilégié de l’Église orthodoxe et en abolissant les lois qui discriminaient les autres confessions. L’Église orthodoxe de Lettonie a connu l’antipathie et l’hostilité en raison de la politique de russe, et elle a été entraînée dans le tourbillon des événements révolutionnaires. Pendant la Première Guerre mondiale, les slogans religieux ont été avancés au premier plan de la propagande impériale russe : « Pour l’orthodoxie ! » et « Pour l’unification des Slaves orthodoxes ! ». Lors de la proclamation de la République de Lettonie (1918), la nouvelle nation, pour des raisons politiques, a considéré l’Église orthodoxe avec méfiance. En 1920, le Conseil des congrégations orthodoxes lettones devait résoudre la question de la relation avec le Patriarcat de Moscou, car l’Église orthodoxe de Lettonie faisait partie de celui-ci. Le gouvernement letton souhaitait obtenir l’autonomie complète de l’Église orthodoxe et souhaitait qu’elle soit dirigée par un évêque d’origine lettone. Le patriarche de Moscou a donné à l’archevêque letton une certaine autonomie dans la gouvernance de l’Église orthodoxe lettone (1921), mais le projet du gouvernement letton de lier canoniquement l’Église orthodoxe lettone à Constantinople n’a pas abouti. L’Église orthodoxe lettone s’est retrouvée une nouvelle fois sous la juridiction du Patriarcat de Moscou en 1940, lors de l’occupation de la République de Lettonie par l’URSS. Après la Seconde Guerre mondiale, les croyants orthodoxes de Lettonie ont connu une répression et une persécution religieuse similaires à celles des membres des autres confessions. Parallèlement à l’industrialisation forcée, les travailleurs de Russie ont inondé les villes de Lettonie. Pour cette raison, l’orthodoxie s’est enracinée dans l’environnement urbain de la Lettonie, tandis que les anciens croyants dominaient les communautés rurales russes. Lorsque la Lettonie a retrouvé son indépendance, le patriarche de Moscou a déclaré que l’autonomie de l’Église orthodoxe lettone était renouvelée sous l’aile du Patriarcat de Moscou (1992).

D 2 février 2017    AAnita Stasulane

Les vieux-croyants en Lettonie

La majorité des vieux-croyants s’est installée sur le territoire de la Lettonie au 18e siècle, afin d’échapper à la violence des autorités religieuses et laïques de l’Empire russe. Celles-ci (...)

La majorité des vieux-croyants s’est installée sur le territoire de la Lettonie au 18e siècle, afin d’échapper à la violence des autorités religieuses et laïques de l’Empire russe. Celles-ci proclamèrent les vieux-croyants comme les principaux ennemis de l’Orthodoxie russe, les qualifiant de « schismatiques » (Raskolniki ). Les vieux-croyants n’avaient pas de prêtres (Bespopovtsy) et formèrent deux groupes – « Fedoseyevtsy » et « Pomortsy » (Pomoriens). Les communautés se sont principalement installées à Riga ainsi qu’en Lettonie orientale. Avec la formation de la République indépendante de Lettonie dans les années 1920, les vieux-croyants ont particulièrement mis en avant leur loyauté envers le nouveau pays démocratique et ont activement participé à la politique intérieure.
De nos jours, les vieux-croyants lettons sont unis sous le contrôle de l’Église pomorienne des vieux-croyants lettons, qui tente d’unifier des communautés auparavant séparées (environ 70) et de développer des canons religieux uniques communs à tous les Pomoriens lettons. Les vieux-croyants sont également actifs dans des activités d’éducation et de recherche.

D 24 novembre 2015    AMaija Grizane

Le judaïsme en Lettonie

La première communauté juive a été établie à la fin du XVIe siècle à Kurzeme, dans la partie occidentale de la Lettonie, où les Juifs ont été autorisés à acheter des propriétés et à construire (...)

La première communauté juive a été établie à la fin du XVIe siècle à Kurzeme, dans la partie occidentale de la Lettonie, où les Juifs ont été autorisés à acheter des propriétés et à construire des maisons de prière. Au milieu du XVIIe siècle, des Juifs sont venus d’Ukraine occidentale et de Biélorussie pour s’installer dans la région orientale de la Lettonie, le Latgale. Durant le XVIIe siècle, lorsque la communauté juive a commencé à se former à Riga, elle s’est développée de manière significative, principalement en raison de l’afflux d’immigrants venus de Prusse. Selon le recensement de l’Empire russe de 1897, à la fin du XIXe siècle, la communauté juive représentait alors 3,5 % de la population lettone et vivait principalement dans les plus grandes villes : Riga, Daugavpils et Liepāja.

En raison de la vague d’antisémitisme qui a frappé l’Empire russe après 1881, de nombreux juifs ont émigré aux États-Unis et en Grande-Bretagne. À la fin de la Première Guerre mondiale, lorsque l’indépendance de la République de Lettonie a été proclamée (1918), les Juifs ont combattu dans la guerre d’indépendance du pays. Dans les années 1920-1930, les Juifs se sont vus accorder une autonomie culturelle et nationale. Ils ont développé leurs propres institutions, dont neuf partis politiques juifs. La vie religieuse des juifs lettons était très active : environ 200 communautés religieuses juives existaient dans le pays. L’un des centres de la culture et de la religion juives en Europe de l’Est était la ville Daugavpils, avec plus de 40 synagogues. À la fin des années 1930, environ 93 000 Juifs vivaient en Lettonie. La plupart étaient des citoyens lettons et parlaient la langue officielle, le letton.

La Seconde Guerre mondiale a eu un impact catastrophique sur les Juifs lettons. À la suite de l’occupation de la Lettonie par l’URSS (1940), le régime soviétique a interdit les partis politiques juifs, fermé les bibliothèques et les écoles juives, restreint les activités religieuses et nationalisé de nombreuses entreprises juives. Le 14 juin 1941, plus de 15 000 personnes (dont environ 2000 Juifs) ont été déportées de Lettonie vers les régions reculées de l’URSS, où la majorité d’entre elles sont mortes dans des camps de travail. Lors de l’occupation de la Lettonie par les troupes nazies en 1941, seuls 14 000 juifs ont survécu. La vaste majorité d’entre eux a trouvé la mort dans des camps de concentration, lors d’opérations d’extermination de masse ou dans les ghettos. À Riga, toutes les synagogues ont été incendiées, à l’exception de la synagogue de la rue Peitavas (construite en 1905 dans le style Art nouveau) parce qu’elle était située dans la vieille ville, et la menace que le feu se propage aux bâtiments voisins était réelle.
Après la Seconde Guerre mondiale, il est apparu que le mur de la synagogue, où se trouvait la bibliothèque des rouleaux de la Torah, avait été dissimulé. Les rouleaux de la Torah ont ainsi été sauvés de la destruction par un pasteur de l’Église réformée voisine.

Pendant la période soviétique, elle était l’une des rares synagogues en usage en URSS. Les Juifs d’autres régions de l’Union soviétique ont émigré en Lettonie et, en 1959, la communauté juive a atteint plus de 36 000 membres. Les militants juifs se sont battus pour le droit d’immigrer en Israël et, dans les années 1970, près de 6 000 Juifs ont émigré en Israël, aux États-Unis et en Europe occidentale. Après que la Lettonie a regagné son indépendance en 1991, les communautés juives ont été rétablies.

Aujourd’hui, la communauté juive lettone est la plus importante des pays baltes ; elle compte environ 10 000 membres, dont la majorité vit à Riga, tandis qu’il existe de plus petites communautés juives ailleurs en Lettonie. Bien que la plupart des Juifs lettons ne soient pas pratiquants, les synagogues historiques opèrent à Riga et Daugavpils, et il existe des activités religieuses discrètes dans d’autres localités. À Daugavpils, une synagogue est en activité grâce à un don de la famille du peintre Mark Rothko, né à Daugavpils. Avec le soutien de l’UE, de l’État letton et du Conseil letton des communautés juives, la synagogue de la rue Peitavas, actuellement la seule synagogue de Riga, a été rénovée entre 2007 et 2008.

D 4 décembre 2015    AAnita Stasulane

Le bouddhisme en Lettonie

Le bouddhisme est un phénomène assez récent dans le paysage religieux letton. Malgré l’expression d’un intérêt pour les idées orientales et le bouddhisme depuis le début du XXe siècle (par (...)

Le bouddhisme est un phénomène assez récent dans le paysage religieux letton. Malgré l’expression d’un intérêt pour les idées orientales et le bouddhisme depuis le début du XXe siècle (par exemple, Karlis Tennisons, 1873-1962, fut le premier moine bouddhiste des États baltes, et un petit nombre de bouddhistes pratiquants existait dans les années 1980), l’installation des traditions bouddhistes et l’engagement actif des Lettons envers le bouddhisme n’ont commencé que dans les années 1990.
De nos jours, plus de dix groupes bouddhistes, qui représentent plusieurs enseignements bouddhistes, sont actifs dans les zones urbaines lettones. La majorité de ces groupes appartient au bouddhisme tibétain ; en effet, de telles idées avaient déjà atteint la région balte à l’époque soviétique et attiré l’imagination de personnes en quête de spiritualité.
En Lettonie, le bouddhisme tibétain est représenté par trois de ses quatre écoles : 1) l’école de Nyingma, à savoir les groupes d’enseignement du Dzogchen : La communauté Padmaling et le Centre de Patrul Rinpoche ; 2) l’école Kagyü, représentée par deux groupes karma-kagyü : le Centre bouddhiste de la Voie du Diamant à Riga et Daugavpils ; ainsi que trois groupes de Drikung Kagyü : le Centre Drikung Jamze Ling Dharmachakra, le Riga Drikung Ngaden Choling et le Centre Sorig de méditation et guérison tibétain ; 3) l’école Gelugpa : le Centre de méditation bouddhiste Ganden et le Centre de réflexion Den Nyi Ling.
La deuxième tradition bouddhiste qui a pris racine sur le sol balte est le Zen, représenté par deux écoles Zen différentes en Lettonie : le Zen Kwan Um coréen pratiqué au Centre Zen de Riga et le Zen Rinzai représenté par One Drop Zendo Latvia.
La troisième tradition, le Theravada, est représentée par l’Association du Bouddhisme Theravada depuis longtemps, mais les adeptes de la méditation Vipassana telle qu’enseignée par Goenka sont apparus plus récemment, et le Centre de Méditation Vihara a été établi il y a peu.
Depuis la création des premiers groupes bouddhistes en Lettonie au début des années 1990, le bouddhisme a connu toutes les étapes d’un processus, passant d’une philosophie simple que l’on ne trouve que dans les livres à une religion agissant de façon légale. Cette existence légale est confirmée par le fait que quatre communautés bouddhistes fonctionnent en tant qu’organisations religieuses. Selon le dernier rapport du ministère de la Justice letton sur l’activité des organisations religieuses (daté de 2014), 158 membres sont recensés au total. D’autres groupes existants sont organisés sous forme de sociétés ou d’organisations culturelles, ce qui explique le nombre plus élevé de pratiquants. Néanmoins, malgré le faible degré d’implication de la communauté générale dans le bouddhisme, il ne fait aucun doute que ce dernier a trouvé une place stable dans la vie religieuse de la Lettonie. Au cours des vingt années et plus d’existence du bouddhisme, les pratiquants ont organisé des groupes avec des activités qui ne se limitent pas seulement à la pratique religieuse, mais qui incluent également des événements publics et politiques, autour de la guérison l’éducation et la charité.

D 14 janvier 2016    AMarika Laudere

L’Eglise évangélique luthérienne de Lettonie

La Réforme du XVIe siècle toucha également la Livonie (aujourd’hui la Lettonie et l’Estonie), où le luthéranisme se répandit en raison des liens étroits avec l’Allemagne du Nord. Les désaccords (...)

La Réforme du XVIe siècle toucha également la Livonie (aujourd’hui la Lettonie et l’Estonie), où le luthéranisme se répandit en raison des liens étroits avec l’Allemagne du Nord. Les désaccords mutuels entre l’ordre livonien, l’archevêché de Rīga et la ville de Rīga créèrent un climat favorable à la propagation du luthéranisme.

Rīga fut la première ville hors d’Allemagne où le luthéranisme se répandit : la première congrégation fut déjà formée en 1524. Contrairement à la situation en Allemagne, le luthéranisme ne se transforma pas en mouvement social paysan en Lettonie, car les commerçants et artisans allemands de la ville de Rīga et les propriétaires terriens baltes allemands jouèrent un rôle décisif dans la propagation du luthéranisme, alors que ce dernier n’avait pas encore atteint les paysans lettons. La propagation du luthéranisme à Rīga se fit par la force (1524-1525). À la suite de la Réforme, le fossé entre les Lettons et les Allemands de la Baltique, entre villes et campagnes, se creusa. Après la guerre de Livonie (1558-1583), le territoire de la Lettonie fut assujetti par le Commonwealth polono-lituanien, qui commença la contre-réforme en Lettonie.

Au XVIIe siècle, les Suédois, qui étendirent la protection au luthéranisme, commencèrent à régner sur la partie centrale de la Lettonie. Pendant la période de conflit confessionnel, les paysans lettons commencèrent à pratiquer activement leur religion traditionnelle. Au XVIIe siècle, lorsque la Lettonie se retrouva dans l’Empire russe, l’administration tsariste assura son soutien en accordant des privilèges spéciaux aux propriétaires allemands de la mer Baltique et à l’Église évangélique luthérienne. Au XIXe siècle, l’Église évangélique luthérienne obtint le statut d’Église régionale, tandis que l’Église orthodoxe obtint le statut d’Église d’État. Lorsque la politique agressive de russification commença en Lettonie dans les années 1880-1890, les Allemands baltes et l’Église évangélique luthérienne qui représentait ses intérêts commencèrent à soutenir le développement d’une conscience nationale lettone. Ainsi, la révolution de 1905 joua un rôle déterminant dans la sécularisation des Lettons : Les prêtres luthériens, qui défendaient les intérêts des propriétaires fonciers allemands de la Baltique, prirent position contre les changements sociaux-politiques, conduisant à un plus grand anti-cléricalisme parmi le peuple. Cependant, l’Église évangélique luthérienne put renforcer ses positions après la proclamation de la République de Lettonie (1918). Les luthériens, tout comme les catholiques, les orthodoxes et les vieux croyants, avaient des partis politiques qui les représentaient au sein du parlement. Dans les années 1920-1930, l’Église évangélique luthérienne était la plus nombreuse et la plus monolithique des confessions chrétiennes ethniques (les plus lettones) de Lettonie. Même si les luthériens allemands baltes ne représentaient que 7 % du nombre total de luthériens, il n’y avait pas de relations ethniques tendues au sein de l’Église évangélique luthérienne. Néanmoins, les désaccords avec les autres confessions ne manquaient pas, principalement avec l’Église catholique romaine concernant la propriété des édifices religieux. Les « guerres confessionnelles » autour des édifices religieux se poursuivirent pendant 10 années entières. Après la mise en place du régime autoritaire (1934), l’Église évangélique luthérienne devait remplir le rôle de soutien à l’idéologie étatique, alors même que l’État construisait une religion laïque, centrée sur le culte de la personnalité du Premier ministre.

Avec l’entrée de l’armée soviétique en Lettonie (1940), les prêtres luthériens furent soumis à la répression et à la persécution. C’est pourquoi environ 60 % des prêtres luthériens s’exilèrent à la fin de la seconde guerre mondiale. L’Église évangélique luthérienne de Lettonie à l’étranger fut fondée en exil et continue de fonctionner dans différents pays et continents. Les autorités soviétiques ont nationalisé les propriétés de l’Église en Lettonie, restreint la liberté religieuse : la seule forme d’activité autorisée était essentiellement le service du dimanche. Même s’il n’a pas été possible d’échapper au contrôle de l’Église par les autorités soviétiques, un groupe de prêtres dissidents s’est développé au sein de l’Église évangélique luthérienne et a activement participé au Mouvement d’éveil (1986-1991).

Les activités de l’Église évangélique luthérienne de Lettonie ont été entièrement restaurées après que la Lettonie a retrouvé son indépendance. Au sein de l’Église, les récentes discussions sur la question de l’ordination féminine et les attitudes envers les personnes LGBT ont fait polémique.

D 1er mars 2017    AAnita Stasulane

L’Eglise catholique romaine en Lettonie

L’histoire de l’Église catholique romaine en Lettonie commença avec la conversion des peuples baltes au christianisme au XIIe siècle. Les commerçants d’Europe occidentale étaient intéressés par (...)

L’histoire de l’Église catholique romaine en Lettonie commença avec la conversion des peuples baltes au christianisme au XIIe siècle. Les commerçants d’Europe occidentale étaient intéressés par l’extension du commerce vers l’est et, par conséquent, effectuaient des voyages réguliers vers l’estuaire de Daugava. Vers 1182, Meinhard (1130/34-1196), un moine du monastère de Segeberg, y arriva également en tant qu’aumônier pour les commerçants allemands et commença à prêcher le christianisme aux Lives qui vivaient sur les rives de la Daugava. En 1184, la première église catholique de Lettonie fut construite à Ikškenile. L’archevêque de Brême ordonna Meinhard évêque (1186), avec son siège à Ikškenile, créant ainsi l’episcopatus Ixcolanensis. L’Église catholique romaine de Lettonie rencontra le succès avec Mgr Albert von Appeldern (vers 1165-1229) qui fonda Rīga (1201) et qui, en tant que pratiquant dynamique de la realpolitik, atteignit ses objectifs avec le soutien des chevaliers.

Selon les informations trouvées dans la Chronique livonienne d’Henri, en 1208, près de l’endroit où se trouve actuellement Valmiera, les Latgaliens demandèrent l’avis de leurs dieux concernant le type de christianisme qu’ils devraient adopter : christianisme oriental ou occidental. La décision des dieux était favorable à l’Occident. Les relations sociales de l’Europe occidentale furent introduites en même temps que l’adoption du christianisme en Lettonie. La Confédération livonienne (l’actuelle Lettonie et l’Estonie), qui existe depuis environ 400 ans, contenait les États ecclésiastiques du pape romain, dont le plus grand est l’État de l’ordre livonien. Avec la Réforme, l’issue de la guerre de Livonie (1558-1583) et de la guerre de Pologne-Suède (1600-1629) déterminèrent la géographie confessionnelle de la Lettonie, mais dans la pratique, le principe de cuius regio, eius religio dominait. Au XVIIe et au XVIIIe siècle, le catholicisme prospéra grâce aux activités des jésuites et des dominicains de Lettonie. L’église catholique romaine fit ses plus grands pas dans la partie orientale de la Lettonie (à Latgale), où un grand nombre d’églises furent rapidement construites, grâce aux financements fournis par les propriétaires locaux.

Au XIXe siècle, les catholiques lettons tombèrent en disgrâce face au tsar russe à cause du soulèvement polonais (1830-1831). La situation avec les catholiques se dégrada encore après la rébellion polonaise de 1863 : dans la lutte contre les Polonais, le gouvernement tsariste combattit aussi les Latgaliens et l’Église catholique romaine. 57,9 % des monastères furent fermés et plus de 400 prêtres catholiques de la province occidentale furent déportés en Sibérie. Le décret de 1864, qui interdit l’impression de livres par alphabet latin, resta en vigueur jusqu’en 1904. En pratique, cette « interdiction d’impression » ne s’appliquait qu’aux catholiques de Latgale, les luthériens vivant dans d’autres régions de Lettonie imprimant des livres en utilisant le script gothique. Le gouvernement tsariste tenta de réduire l’influence de l’Église catholique romaine en éloignant les églises des congrégations catholiques et en les livrant aux orthodoxes. Le revirement contre les catholiques par l’empire russe facilita la confluence de l’identité ethnique et religieuse polonaise. Un processus similaire se produisit également avec le letton de Latgale. C’est pourquoi le réveil national de Latgale (années 1890) fut initié par des prêtres catholiques. Lorsque la Lettonie déclara son indépendance en 1918, le Latgale, qui avait été séparé administrativement du reste de la Lettonie sous l’empire tsariste, fut inclus dans le nouvel État.

Pendant longtemps, les législateurs du pays ne réussirent pas à s’accorder sur le modèle le plus approprié pour la relation entre l’État et l’Église. Le rôle politique de l’Église catholique romaine s’accrut, tout comme l’adhésion du Latgale catholique à l’État letton, puisque l’une des principales revendications des Latgaliens, avant l’unification avec les autres régions de Lettonie, était la demande d’un statut juridique pour l’Église catholique romaine. Les catholiques lettons étant intégrés dans des diocèses situés hors du territoire letton (les catholiques de Latgale et de Vidzeme dans le diocèse de Mogilev, les catholiques de Kurzeme dans le diocèse de Žemaitija), le Vatican s’intéressa à réguler la situation de l’Église catholique romaine en Lettonie. Le pape renouvela donc l’évêché de Rīga (1918). En signant le Concordat (1922), l’État letton garantit à l’Église catholique romaine la liberté de croyance et de culte, et lui conféra également des droits légaux. Le coup d’État (1934) n’affecta pas la vie intérieure de l’Église catholique romaine, le régime autoritaire n’osant pas violer le Concordat. Cependant, il imposa fortement l’orientation nationale de l’Église, qui s’inscrit dans le programme de lettonisation de la société. Comme un nombre important de prêtres de nationalité polonaise ou lituanienne servirent dans les congrégations catholiques, le programme de lettonisation ne fonctionna pas dans l’Église catholique romaine et la disharmonie ethnique s’accrut dans les congrégations. En revanche, en instaurant la censure et en interdisant la propagande antireligieuse, le régime autoritaire créa des conditions favorables à l’éducation religieuse. Durant la première année de l’occupation soviétique (1940-1941), les attaques contre la religion eurent lieu de différentes manières : nationalisation des biens de l’Église, fermeture des organisations religieuses, répression contre les prêtres et les membres les plus engagés des congrégations. Après la Seconde Guerre mondiale, les catholiques eurent des attitudes différentes vis-à-vis de l’occupation soviétique : résistance active (implication dans des groupes partisans dans la lutte contre le régime communiste), résistance passive et collaboration. La période de forte restriction des activités de l’Église catholique romaine (1958-1964) fut remplacée par le dégel. Mais l’espionnage, le recrutement et la répression se poursuivirent dans tout le régime soviétique. Les congrégations catholiques résistèrent mieux et réussirent davantage à poursuivre leurs activités, par rapport aux congrégations luthériennes qui souffrirent le plus pendant les années communistes. Après l’effondrement de l’URSS, l’Église catholique romaine de Lettonie se plongea dans la construction active de nouveaux édifices religieux.

D 1er mars 2017    AAnita Stasulane

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