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Appartenance et démographie religieuses

La religiosité des jeunes Italiens

L’istituto IARD a réalisé une enquête sur la religiosité des jeunes Italiens à la demande du Centro orientamento pastorale. Réalisé en 2004 auprès de 3000 jeunes de 15 à 34 ans, ce sondage (...)

L’istituto IARD a réalisé une enquête sur la religiosité des jeunes Italiens à la demande du Centro orientamento pastorale.
Réalisé en 2004 auprès de 3000 jeunes de 15 à 34 ans, ce sondage révèle que près de 70 % d’entre eux se déclarent catholiques, soit 75 % des 15-17 ans, 72 % des 30-34 ans, le pourcentage le plus bas étant enregistré chez les 18-20 ans (62 %).
C’est dans les régions du sud de l’Italie qu’est enregistré le plus haut pourcentage de catholiques (80 %), le plus bas correspondant aux régions du centre (59 %).
Concernant leurs pratiques religieuse, 15 % des 15-34 ans déclarent avoir assisté à un office religieux toutes les semaines au cours des six derniers mois. Par ailleurs, un jeune sur cinq prie tous les jours alors qu’un jeune sur quatre déclare ne jamais prier.

Voir Riccardo Grassi, Giovani, religione e vita quotidiana. Un’indagine dell’Istituto Iard per il Centro di Orientamento Pastorale, Il Mulino, 2006.

D 27 septembre 2012    AFrançoise Curtit

L’appartenance religieuse des immigrés

Le dernier Dossier Caritas estime qu’à la fin de l’année 2003, les chrétiens représentent 49,5 % du total de la population immigrée présente en Italie (2 400 000 étrangers selon l’Istituto (...)

Le dernier Dossier Caritas estime qu’à la fin de l’année 2003, les chrétiens représentent 49,5 % du total de la population immigrée présente en Italie (2 400 000 étrangers selon l’Istituto nazionale di statistica et 2 800 000 environ selon la Caritas), notamment grâce à la récente augmentation des orthodoxes venant de l’Europe de l’Est. Ce pourcentage est ainsi reparti : 22,6 % sont catholiques ; 20,3 % orthodoxes ; 4,7 % protestants ; 1,9 % sont membres d’autres religions chrétiennes.
L’islam représente la deuxième religion du pays après le catholicisme, avec un pourcentage de 33 % de la population étrangère (730 000 individus) ; les juifs en représentent 0,3 % ; les hindouistes 2,4 % ; les bouddhistes 1,9 %.
Mais, il se peut que ces données soient à corriger – voire à minorer – pour les orthodoxes, les protestants et aussi pour les membres des religions orientales. Dans les documents du Cesnur on souligne en effet qu’un certain nombre des immigrés d’Extrême-Orient se déclare sans appartenance religieuse, et un bon nombre des Chinois seraient en fait chrétiens. Il ne faut pas oublier également que les chiffres fournis par les pays d’origine sous-estiment souvent les minorités religieuses présentes sur leur territoire. Dans l’élaboration des statistiques officielles en Italie, le pourcentage des croyants immigrés est calculé sur le pourcentage estimé dans leur pays d’origine. Le pourcentage officiel des musulmans d’un pays ne se traduit cependant pas nécessairement par le même pourcentage parmi les immigrés en Italie.

L’appartenance religieuse est étroitement liée au marché du travail, si on pense en particulier au cas des « collaboratrices domestiques », dont 70 % environ sont de foi chrétienne (347 000 sur 490 000 femmes étrangères), suivies de 11,4 % de musulmanes et seulement 3,7 % d’adhérentes aux religions orientales.

D 27 septembre 2012    AAlessandra Marchi

Les minorités religieuses

En 2013, l’Italie comptait 836 minorités religieuses et spirituelles fonctionnant de manière organisée (rapport CESNUR). Au cours des dix-quinze dernières années, l’image des minorités (...)

En 2013, l’Italie comptait 836 minorités religieuses et spirituelles fonctionnant de manière organisée (rapport CESNUR). Au cours des dix-quinze dernières années, l’image des minorités religieuses a changé profondément en Italie du point de vue du nombre et en raison de la présence de nouveaux acteurs sur la scène nationale. Les confessions autres que le catholicisme connaissent actuellement une forte hausse ; le flot ininterrompu d’immigrants, déferlant en Italie, notamment en provenance des pays d’Afrique du Nord et d’Europe de l’Est (voir statistiques 2013), contribue à modifier en conséquence l’importance et la composition interne des minorités religieuses du pays. Ceci concerne essentiellement les musulmans mais également les chrétiens orthodoxes qui sont arrivés d’Europe de l’Est, de même que les hindous, les bouddhistes, les adeptes de la religion sikh et du mouvement radha soami, une présence notable pentecôtiste, néo-pentecôtiste et baptiste (de Chine, de Corée, des Philippines, et de l’Afrique subsaharienne), et des membres de l’Eglise copte. Si l’on considère uniquement les citoyens italiens, y compris les citoyens naturalisés, 2,5 % de la population résidente totale déclare une identité religieuse non catholique. Le pourcentage des minorités religieuses augmente à 7,6 % lorsque l’ensemble des résidents du territoire italien est pris en compte.

76 % des Italiens affirment être croyants, 15 % sont athées et non-croyants, 4 à 5 % déclarent « être à la recherche de quelque chose ». Parmi l’ensemble des Italiens se déclarant eux-mêmes catholiques (79 % de la population), 22 % se définissent comme « convaincus et actifs d’un point de vue religieux », 32 % se considèrent comme « convaincus mais pas toujours actifs », 35 % adhèrent au catholicisme pour des raisons de tradition ou d’éducation et 7 à 8 % y adhèrent car ils s’identifient aux idées fondamentales du catholicisme, même s’ils les interprètent d’une manière autonome et subjective (voir « Gli Italiani, la religione, la Bibbia »).

Juifs 40 000
Protestants historiques 60 000
Pentecôtistesl évangeliques 300 000
Autres évangeliques 50 000
Evangeliques immigrants (Eglises éthniques) 300 000
Orthodoxes 1 400 000
Témoins de Jehovahs 400 000
Mormons 25 000
Musulmans 1 500 000
Hindouistes 135 000
Bouddhistes 100 000
Sikhs 30 000
Baha’is 3000
Total 4 343 000 (tot. Population : 61 482 297)

Source : Brunetto Salvarani, “I (difficili) numeri delle religioni in Italia”, in A. Melloni (ed.), Rapporto sull’analfabetismo religioso, Il Mulino 2014, p. 390.

D 16 juillet 2015    AMariachiara Giorda

Appartenance et pratique religieuses

L’appartenance au catholicisme de la plupart des Italiens semble résister à l’épreuve du temps et des progrès de la modernité. Depuis très longtemps, l’identité catholique représente une (...)

L’appartenance au catholicisme de la plupart des Italiens semble résister à l’épreuve du temps et des progrès de la modernité. Depuis très longtemps, l’identité catholique représente une constante nationale, dans un pays dont l’histoire et la culture politique sont trop imprégnées de foi et de tradition pour qu’elle puisse être repoussée aux marges de la vie sociale.
Toutefois, au cours des dernières décennies, on relève sur ce point des changements dans le pays, qui signalent à la fois la présence d’un pluralisme religieux plus enraciné et d’un nombre plus élevé de personnes qui se disent sans religion (tab. 1). Principalement en tant que résultat des flux d’immigration étrangère qui ont récemment touché l’Italie, ceux qui déclarent une appartenance religieuse autre que catholique sont passés de 0,8 % en 1991 à presque 5 % en 2007. Cette croissance ne concerne pas les minorités religieuses historiquement présentes sur la scène nationale (comme les protestants évangéliques, les juifs, les témoins de Jéhovah, etc.), mais plutôt les religions des nouveaux immigrés (c’est-à-dire le christianisme orthodoxe ou l’islam), qui ont redécouvert dans leur terre d’adoption une identité religieuse qui alimente le lien communautaire et appuie la demande de citoyenneté. Parallèlement, le nombre de ceux qui se déclarent sans religion a légèrement augmenté : ils représentent aujourd’hui à peu près 9 % de la population.

Tableau 1 – Population italienne par religion d’appartenance, en pourcentage Comparaison entre deux relevés réalisés auprès d’échantillons représentatifs de la population italienne entre 16 et 74 ans

Enquête 1994* Enquête 1997**
Catholique 88,6 86,1
Autre religion 2,6 4,8
Réformés 8,8 9,1
Total 100 (4500) 100 (3160)

*Source : Vincenzo Cesareo, Roberto Cipriani, Franco Garelli, Clemente Lanzetti, Giancarlo Rovati, La religiosità in Italia, Mondadori, Milano, 1995 (échantillon de 4 500 individus).
**Source : Indagine sulla nuova religiosità in Italia, Apsor (Associazione piemontese di sociologia delle religioni), Torino, 2007 (échantillon de 3 160 individus)

Même avec ces changements, l’appartenance au catholicisme reste encore élevée en Italie, vu qu’elle concerne aujourd’hui 85 % de la population. Cependant, cette référence religieuse n’est pas socialement significative, car elle regroupe des façons très diverses d’interpréter l’identité catholique. On peut affirmer que l’Italie est caractérisée par un double pluralisme religieux. À coté du pluralisme lié à la présence de plusieurs religions, on peut isoler un autre type de pluralisme, interne à l’identité catholique italienne. Les analyses les plus récentes ont porté un regard attentif à ce phénomène, en reconnaissant quatre types d’adhésion au catholicisme (tab. 2) : les « catholiques par tradition et culture » et ceux qui se disent « convaincus mais pas trop actifs » (chacun de ces types représente environ 30 % de la population), tandis que sont un peu moins représentés les « catholiques convaincus et actifs » (plus du 1/5 des Italiens) et surtout les « catholiques à sa façon », qui ne partagent que partiellement le modèle religieux d’appartenance (environ 7 %). Il s’agit de groupes très différents, qui se caractérisent par des profils religieux et éthiques spécifiques, et illustrent le pluralisme des repères qui caractérise aujourd’hui le catholicisme italien. À l’inverse, le groupe des « sans religion » est assez homogène, et se caractérise par des orientations et des visions de la société typiques de ceux qui n’accordent aucune valeur à la dimension religieuse et n’ont pas eu une socialisation ecclésiale intensive.

Tableau 2 – Évolution de la population italienne catholique selon le type d’adhésion religieuse en pourcentage

Type d’adhésion à la religion Enquête 1994* Enquête 1997**
convaincu et pratiquant 20,2 21
Convaincu mais pas toujours pratiquant 36,9 28,8
Par tradition, éducation 24,8 31,6
Vous en partagez quelques idées 8,7 7,5
Autre 0,6 2
Sans religion 8,8 9,1
Total 100 (4377) 100 (3008)

*Source : Vincenzo Cesareo, Roberto Cipriani, Franco Garelli, Clemente Lanzetti, Giancarlo Rovati, La religiosità in Italia, Mondadori, Milano, 1995 (échantillon de 4500 individus).
**Source : Indagine sulla nuova religiosità in Italia, Apsor (Associazione piemontese di sociologia delle religioni), Torino, 2007 (échantillon de 3 160 individus)

Si l’on considère les dix dernières années (en incluant dans l’analyse les « sans religion »), on peut observer des persistances et des changements intéressants dans l’évolution quantitative des différents types de religiosité. Les groupes placés aux deux extrémités du champ religieux – c’est-à-dire les « catholiques convaincus et pratiquants » et les « sans religion » – n’évoluent que peu ; il s’agit donc de sous-cultures suffisamment solides pour se perpétuer au fil des années. Par contre, les « catholiques convaincus et pratiquants » diminuent sensiblement au cours de la période, tandis que du groupe qui s’identifie au catholicisme pour des raisons de tradition et de culture connaît une forte croissance. Dans une société qui souligne son caractère multiethnique et multireligieux, il semble donc que la tendance à la réévaluation de la religion traditionnelle, en tant qu’exigence d’enracinement dans une histoire et une culture capables d’offrir sécurité et repères face aux nouveautés, soit en augmentation chez les Italiens. À l’intérieur de ce groupe, on retrouve non seulement ceux qui se déclarent catholiques en vertu de la tradition plutôt que de leur conviction personnelle, donc pour des raisons culturelles et symboliques plutôt que pour des raisons spécifiquement spirituelles, mais aussi tous ceux qui s’identifient à une « religion des valeurs » dont les groupes religieux et l’Église catholique elle-même peuvent se présenter comme les représentants, pour contrer la crise des repères éthiques, pour réaffirmer les valeurs auxquelles on ne peut pas renoncer. Ces formes d’adhésion au catholicisme semblent plutôt en accord avec les valeurs des groupes religieux, même si elles n’impliquent pas automatiquement l’acceptation des dogmes.
On peut donc facilement constater que le sentiment catholique s’enrichit de nouvelles formes d’appartenance, pour la plupart auparavant inconnues. Par rapport à d’autres contextes nationaux, on enregistre en Italie moins d’attitudes de « foi sans appartenance religieuse » (expression d’une recherche spirituelle autonome, qui fait abstraction – même pour des raisons de critique – de la référence à un groupe religieux ou à une Église), et plus d’attitudes d’appartenance au catholicisme sans participation religieuse forte.

D 27 août 2015    AMariachiara Giorda

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