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Géographie religieuse

Les disparités régionales : l’héritage du passé

Louis Chauvel a montré, à partir des questions de l’enquête européenne sur les valeurs de 1990, que la France est un pays régionalement diversifié, notamment au plan religieux. Une étude de (...)

Louis Chauvel a montré, à partir des questions de l’enquête européenne sur les valeurs de 1990, que la France est un pays régionalement diversifié, notamment au plan religieux. Une étude de décembre 2006, faite par l’IFOP à partir d’informations provenant de 91 enquêtes (réalisées entre 2003 et 2006 auprès d’échantillons de 1 000 personnes représentatifs de la population française selon la méthode des quotas), portant sur l’implantation des religions en France, confirme et illustre cette conclusion.
Cette diversité géographique de l’implantation religieuse est souvent le résultat de l’histoire : ainsi, on peut constater que les régions de France actuellement les moins pratiquantes recouvrent les régions de France qui sont restées fidèles à la Révolution, et où les prêtres prêtèrent serment à la Constitution Civile du Clergé de 1790. De plus, le catholicisme, qui a toujours eu en France une importance prépondérante, est actuellement la seule religion présente dans tous les départements.

Sur ce sujet, voir : Louis CHAUVEL, "Clivages politiques, culturels et religieux dans les régions européennes", in Pierre Bréchon, Bruno Cautrès (dir.), Les enquêtes Eurobaromètres. Analyse comparée des données socio-politiques (Logiques politiques), L’Harmattan, 1998.

D 24 septembre 2012    AAnne-Laure Zwilling

L’implantation géographique du catholicisme

L’importance de la présence catholique est cependant variable. Selon l’étude IFOP, l’implantation des religions en France, elle reste forte dans l’Est de la France (la Moselle compte 81 % de (...)

L’importance de la présence catholique est cependant variable. Selon l’étude IFOP, l’implantation des religions en France, elle reste forte dans l’Est de la France (la Moselle compte 81 % de catholiques ; la présence est également forte dans les Vosges, la Meuse, la Haute-Saône). L’Ouest de la France, en revanche, s’est diversifié : la proportion de catholiques déclarés est forte dans les départements les plus ruraux (Manche, Mayenne, Deux-Sèvres, Maine-et-Loire et Vendée) ; mais dans les départements plus urbanisés de l’Ouest (Ille-et-Vilaine et Loire-Atlantique), elle se fait moins forte. Le Morbihan demeure encore majoritairement catholique, les Côtes-d’Armor se déchristianisent, et le Finistère se situe dans une position intermédiaire.
Le Sud du Massif-Central, traditionnellement très catholique (Haute-Loire, Cantal, Lozère), reste une zone de forte présence, bien que de façon moins flagrante ; la zone se prolonge maintenant vers l’Est jusqu’en Corrèze. Par contre, les Pyrénées-Atlantiques, l’Aveyron ou Rhône-Alpes, autres régions traditionnellement catholiques, se situent maintenant seulement légèrement au-dessus de la moyenne nationale.
La région ouvrière Nord-Pas-de-Calais reste de tradition catholique. En revanche, dans le Limousin, la Dordogne, le Lot, l’Ariège et la Vallée du Rhône, la présence catholique est nettement plus faible que la moyenne.

D 24 septembre 2012    AAnne-Laure Zwilling

L’athéisme en France

Actuellement, plus du quart de la population française (27,6 %) dit n’être proche d’aucune religion, selon l’étude IFOP sur l’implantation des religions en France. Cela est certes dû à la baisse (...)

Actuellement, plus du quart de la population française (27,6 %) dit n’être proche d’aucune religion, selon l’étude IFOP sur l’implantation des religions en France.
Cela est certes dû à la baisse d’importance du christianisme dans la société contemporaine, mais on peut également corréler la présence d’une implantation forte des mouvements politiques de gauche, notamment du Parti Communiste, et l’importance de la présence des personnes se disant "sans religion". Ainsi, le côté Ouest du Massif Central (Limousin, Dordogne, Lot), le Centre, la Champagne-Ardennes, l’Oise ou encore les Côtes d’Armor sont actuellement des régions de faible présence religieuse, ainsi que l’Ile-de-France et le Midi, traditionnellement de forte présence communiste.
On constate aussi un lien entre l’urbanisation et le recul de la religion (la Loire-Atlantique, l’Ille-et-Vilaine ou le Rhône en sont des exemples) ; c’est dans le Val de Marne que le recul du catholicisme est le plus marqué (seulement 47 % de personnes se disant catholiques).
L’Est de la France (Franche-Comté, Alsace et Lorraine) échappe pour le moment à ce recul du christianisme ; cette région est aujourd’hui la partie de la France où les religions sont le plus présentes.

D 24 septembre 2012    AAnne-Laure Zwilling

Le cas particulier de l’Alsace-Moselle

À la suite de l’histoire particulière de cette région (voir le parcours historique), l’appartenance religieuse en Alsace-Moselle diffère sensiblement du reste de la France. Elle y est plus forte (...)

À la suite de l’histoire particulière de cette région (voir le parcours historique), l’appartenance religieuse en Alsace-Moselle diffère sensiblement du reste de la France. Elle y est plus forte : l’étude IFOP sur l’implantation des religions en France confirme que l’Est est aujourd’hui la "partie la plus religieuse de la France". Majoritairement catholique, la région compte également un nombre important de protestants et de juifs. La communauté musulmane y est principalement d’origine turque.

L’Église catholique est le culte le plus représenté en Alsace-Moselle, comportant environ 1 900 000 fidèles, soit près de 75 % de la population.
Le diocèse d’Alsace est l’un des plus grands diocèses de France. Il compte 5 régions pastorales, 14 zones pastorales et 66 secteurs pastoraux. On y estime le nombre de catholiques à 1 300 000 ; le nombre de paroisses est de 767 et le nombre de doyennés de 67.
Le nombre de prêtres diocésains est estimé au 1er octobre 1998, à 674. A ces prêtres, il faut ajouter 137 frères et 1990 religieuses. Enfin, le diocèse compte 47 diacres permanents.
Le site Catholic Hierarchy met en ligne les informations concernant les diocèses de l’Est de la France.

L’Union des Églises Protestantes d’Alsace Lorraine (UEPAL) regroupe, depuis 2006, l’Église Protestante de la Confession d’Augsbourg d’Alsace-Lorraine (EPCAAL, luthérienne), et l’Église Protestante Réformée d’Alsace-Lorraine (EPRAL). Pour connaître ses effectifs, l’UEPAL se base sur les chiffres fournis par les pasteurs. Or, leurs critères de définition d’un paroissien sont certainement variables (de la personne rencontrée une fois lors d’un service funèbre au conseiller presbytéral engagé).
De plus, chaque église a un fonctionnement spécifique pour ce qui est de la participation financière. L’EPCAAL définit une valeur indiciaire, et applique ensuite ce coefficient aux nombres de personnes de la paroisse, ce qui va fournir le chiffre de la participation financière qui leur est demandée par l’Église. L’EPRAL fonctionne sur la répartition de ses dépenses en fonction des capacités financières des paroisses ; certaines paroisses peuvent donc avoir une "cible" importante malgré un nombre de paroissiens relativement petit ; l’inverse peut également être vrai. Il est donc possible que, pour leurs évaluations, les paroisses réformées aient tendance à gonfler leurs chiffres (pour exalter leur vitalité locale), et les paroisses luthériennes à être moins enthousiastes (pour ne pas voir trop augmenter leur charge financière).
L’inscription sur les listes électorales des paroisses, démarche volontaire, n’est pas non plus un indice très fiable. Un conflit local peut faire gonfler le nombre de votants ; mais certains participants réguliers des activités paroissiales peuvent ne pas être intéressés à voter – il y a fréquemment autant de postes que de candidats. Les pratiques, le tissu social varient également considérablement, d’un protestantisme mosellan rural en grande perte de vitalité à un intérêt urbain pour le protestantisme strasbourgeois par exemple.
Faute d’indicateur précis, il est donc difficile d’avancer un chiffre fiable du protestantisme en Alsace. L’UEPAL compte environ 430 pasteurs, et évalue le chiffre de ses membres à 210 000 luthériens et 30 000 reformés ; elle préfère cependant évoquer la "capacité de mobilisation" des églises luthériennes et réformées, évaluée à 300 000 personnes.

Le culte israélite en Alsace-Moselle, majoritairement ashkénaze, s’est cependant enrichi d’une forte communauté séfarade lors du rapatriement des français d’Algérie. Aucune source fiable ne permet actuellement de connaître avec précision la population juive des 3 consistoires. Le nombre de personnes inscrites dans les communautés fournit quelques indications, mais il existe de plus en plus de cercles orthodoxes ou libéraux qui vivent en marge des communautés traditionnelles. On avance le chiffre de 20 000 membres, la tendance étant à une baisse de la population.

Informations fournis par les services communication de l’UEPAL et du consistoire israélite du Bas-Rhin, août 2006, et le diocèse de Strasbourg, mars 2007.

D 24 septembre 2012    AAnne-Laure Zwilling

La carte de France de l’Église catholique

Le journal La Croix a mis en ligne en juin 2014 la carte de France de l’Église catholique. Celle-ci permet de connaître pour le nombre de baptêmes, mariages et prêtres par diocèse. En mai 2010, (...)

Le journal La Croix a mis en ligne en juin 2014 la carte de France de l’Église catholique. Celle-ci permet de connaître pour le nombre de baptêmes, mariages et prêtres par diocèse.
En mai 2010, le journal avait déjà mis en ligne les résultats d’une enquête effectuée auprès de tous les diocèses du territoire. Cette carte montre, pour chaque département, le nombre de prêtre incardinés, le nombre de séminaristes, et le nombre de prêtres retraités. Elle illustre aussi le nombre d’habitants par prêtre.

D 17 septembre 2015    AAnne-Laure Zwilling

Des minorités religieuses géographiquement regroupées

La présence du protestantisme, religion revendiquée par 2,1 % des Français lors du sondage IFOP de 2006, est très importante dans la région Alsace Lorraine Franche-Comté. Selon ce sondage, cette (...)

La présence du protestantisme, religion revendiquée par 2,1 % des Français lors du sondage IFOP de 2006, est très importante dans la région Alsace Lorraine Franche-Comté. Selon ce sondage, cette région représente 8,8 % de la population française totale, mais plus de 28 % de la population protestante.
La présence protestante est quasiment inexistante à l’Ouest et au Nord du pays (Bretagne, Maine, Centre, Bourgogne, Savoie). Les Églises réformées restent bien implantées dans leurs territoires historiques (le Bas-Rhin, le Territoire de Belfort, la Drôme, la région de Montauban, le Gard ou l’Ariège), mais on note l’émergence des Églises évangéliques en Bretagne ou dans le Nord. D’autre part, près de 15 % des protestants se trouvent dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes ; l’influence protestante est également grande en Ile-de-France et Haute-Normandie.
La carte de l’implantation protestante confirme l’existence, encore aujourd’hui, de ce qu’on a pu appeler le "croissant protestant" : de La Rochelle à la Drôme, incluant l’Ardèche, la Haute-Loire, le Gard Cévenol, l’Hérault, le Lot, les Deux-Sèvres et l’Ariège plus excentré. L’IFOP conclut néanmoins de cette enquête, entre autres, que les différences sociologiques et géographiques entre protestants et catholiques tendent à s’estomper.

Toujours selon l’étude IFOP sur l’implantation des religions en France de 2006, on observe une concentration importante des personnes se réclamant du judaïsme et de l’islam dans les grandes zones urbanisées. Inversement, ces deux confessions religieuses sont très peu représentées dans la plupart des territoires ruraux (Massif Central, Poitou-Charentes, Centre ou Champagne-Ardenne par exemple). Concernant l’islam, ces informations sont confirmées par l’étude IFOP de 2009 l’implantation et l’évolution de l’Islam de France.

Environ la moitié des juifs de France, qui représentent 0,6 % de la population, se trouve dans la région parisienne ; une grande communauté est également présente dans la ville de Strasbourg. Le reste de la communauté juive se trouve essentiellement dans le Sud de la France, où se trouvent les autres grandes villes comptant une importante communauté (Marseille, Nice, Lyon, Toulouse) ; elle serait là plutôt d’inspiration séfarade, l’implantation ashkenaze étant plus visible en Alsace et Moselle. Le littoral atlantique, de la Gironde à la Bretagne, est la dernière zone où l’on peut remarquer une présence un peu plus élevée que la moyenne nationale de la population se déclarant de confession juive. Cela est sans doute lié à l’installation de retraités dans les communes balnéaires et du littoral.

La présence de l’islam (3 % de la population) est forte en région parisienne, dans la région lyonnaise et les Bouches-du-Rhône. L’islam est également présent dans de nombreuses petites villes, à l’exception de l’ouest de la France.
L’histoire de l’immigration nord-africaine explique la présence plus forte de l’islam dans le Nord, mais aussi dans le Haut-Rhin (avec les usines Peugeot), le Val-d’Oise (qui affiche 14,3 % de musulmans), la Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne ou bien encore le département de la Loire et ses industries, ainsi que le grand Bassin Parisien (Somme, Oise, Seine-Maritime, Eure-et-Loir, Loir-et-Cher). Le littoral méditerranéen, géographiquement le plus proche du Maghreb, a aussi accueilli une part importante de l’immigration d’où une forte représentation des personnes se déclarant musulmanes dans l’Hérault, le Gard ou bien encore les Bouches-du-Rhône.
Ainsi, pour des raisons liées à l’histoire de l’immigration, la concentration de musulmans est forte dans les régions frontalières, dans les grands centres urbains et leurs banlieues, et dans les anciens bassins industriels et miniers. L’implantation de l’islam en France est donc géographiquement assez déterminée : elle trace une ligne Le Havre-Valence-Perpignan, la présence des musulmans étant surtout importante à l’Est de cette diagonale.

Voir l’étude IFOP de 2009 L’implantation et l’évolution de l’Islam de France.

Le journal La Croix a publié une carte de l’implantation géographique des lieux de culte évangéliques et musulmans en France (2006).

La répartition géographique des religions en France est encore aujourd’hui déterminée par le poids de l’histoire, bien que ces différences de répartition territoiriales tendent à s’estomper.

D 15 septembre 2020    AAnne-Laure Zwilling

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