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L’Irlande indépendante

La rébellion nationaliste irlandaise de 1916 conduisit en 1922 à l’indépendance des 26 comtés du sud, séparés des six comtés de l’Ulster qui restèrent rattachés à l’Angleterre. Une guerre civile (1922-23) entre nationalistes au sujet de l’établissement de la Constitution affaiblit cependant le jeune Etat, caractérisé par la stagnation économique, le protectionnisme commercial et un conservatisme moral catholique. Ce dernier s’exprimait notamment au travers de la censure des publications et de l’interdiction du divorce. Le jeune Etat était très majoritairement catholique (voir ci-dessous le résumé historique des relations entre catholiques et protestants) et cette prédominance se refléta dans la nouvelle Constitution de 1937, qui contenait une clause reconnaissant la position spéciale de l’Eglise catholique romaine (dont les effets étaient en grande partie symboliques). Cette clause sera retirée de la Constitution en 1973 par référendum, avec le consentement de l’Eglise catholique. L’Irlande resta neutre durant la Seconde Guerre Mondiale et l’Etat s’auto-déclara République en 1949. Le poids politique de l’Eglise catholique fut particulièrement manifeste durant les années 1950 lorsqu’une mesure du ministre de la santé (The Mother and Child Bill) fut retirée par le gouvernement suite aux critiques émises par le clergé catholique.

La croissance économique connut une embellie durant les années 1960 grâce à une politique favorisant le commerce extérieur et les investissements étrangers, et cette croissance grimpa en flèche lors de l’accession de l’Irlande à la CEE (Union Européenne) en 1973. L’éruption de violents conflits en Irlande du Nord eut une incidence sur la République mais les dirigeants des Eglises catholique romaine et protestante répondirent de façon positive en faisant preuve de davantage d’œcuménisme. Du côté des catholiques, cette tendance fut facilitée par les réformes de Vatican II, bien que d’un point de vue européen l’Eglise catholique irlandaise puisse être considérée comme traditionnelle et conservatrice. Cela ressortit clairement lors de vifs débats politiques durant les années 1980 et au début des années 1990 autour de la libéralisation des lois sur le divorce et l’avortement. Des groupes de laïcs catholiques conservateurs réussirent, avec l’aide d’évêques catholiques, à mobiliser une force d’opposition aux réformes libérales, bien qu’un référendum constitutionnel en faveur du divorce ait été finalement voté à une faible majorité en 1995.

Depuis le milieu des années 1990, la société irlandaise s’est transformée sous l’effet d’une croissance et d’une prospérité sans précédent de l’économie du "tigre celtique". Cette période atteste également d’un fort déclin de la fréquentation des églises. Alors que ce changement religieux est conforme à la thèse de la sécularisation, une accumulation de scandales relatifs à des abus sexuels impliquant certaines institutions catholiques et le clergé en constitue un facteur supplémentaire.

D 21 septembre 2012    ARichard O’Leary

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