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2005

  • Mai 2005 : L’offensive de la hiérarchie catholique contre la légalisation du mariage homosexuel

Le 12 janvier 2005, le gouvernement espagnol a présenté devant le Congrès des députés un projet de loi pour modifier le Code civil sur le sujet du mariage. Ce texte autorise les couples homosexuels à contracter un mariage. Le gouvernement a suivi ici la voie tracée par le Parti socialiste qui, en juin 2004, avait présenté au Congrès une initiative en ce sens.
Dès ce moment, la Conférence épiscopale, organe supérieur de représentation de la hiérarchie de l’Eglise catholique espagnole, s’est prononcée dans une série de textes contre ce projet, en particulier dans le manifeste En favor del verdadero matrimonio (En faveur du vrai mariage), où elle résume sa position. Elle y énonce que, selon elle, "le mariage ne peut être contracté que par deux personnes de sexe différent : un homme et une femme. Deux personnes de même sexe n’ont aucun droit à contracter un mariage. L’Etat, pour sa part, ne peut reconnaître ce droit inexistant, sauf à agir d’une manière arbitraire, qui outrepasse ses prérogatives, et nuirait de manière très sérieuse au bien commun".
La Conférence épiscopale défend ici l’idée d’un droit premier, supérieur à l’Etat, et nie que le pouvoir législatif pût instaurer des lois sans se conformer aux principes d’un Droit Supérieur, en l’occurrence la Loi Divine, s’identifiant ici pour elle au Droit Naturel.

Une grande partie de cette polémique s’explique par le fait que la nouvelle loi ouvre aux couples homosexuels le droit d’adopter des enfants, ce qui pour la Conférence épiscopale est inadmissible. "Nous pensons avec douleur au préjudice qui sera causé aux enfants adoptés par ces faux couples, et à tous les jeunes privés de l’éducation dispensée au sein d’un vrai mariage. Nous pensons également aux écoles et aux enseignants qui devront, d’une manière ou d’une autre, expliquer à leurs élèves qu’en Espagne, le mariage n’est pas l’union d’un homme et d’une femme." (note du Comité exécutif de la CEE).

Au moment de l’approbation du projet, la Conférence épiscopale a intensifié son offensive, en faisant notamment pression sur les parlementaires espagnols afin qu’ils se prononcent contre le texte, en arguant que "la loi que l’on prétend approuver manquerait du caractère d’une véritable loi, car elle serait en contradiction avec la raison et la norme morale." En outre, comme la loi est contraire à l’ordre moral, il est licite de ne pas y obéir. Les catholiques seront donc tenus de ne pas célébrer cette forme d’union. "Les catholiques, comme toutes les personnes de vraie moralité, ne peuvent se montrer indécis ou complaisants vis-à-vis de cette loi, ils doivent s’opposer à elle de manière claire et incisive. Concrètement, ils ne pourront l’approuver par leur vote, et, dans son application, puisqu’elle ne peut obliger quiconque moralement, chacun pourra revendiquer le droit à l’objection de conscience."

  • 25 janvier 2005 : Création de la fondation « Pluralisme et coexistence » (Pluralismo y Convivencia) pour le financement des cultes minoritaires

Le 25 janvier 2005 le Ministère de la justice espagnol a créé la fondation "Pluralismo y convivencia", afin de "contribuer à l’exécution de programmes et projets de caractère culturel, éducatif et d’intégration sociale des confessions non catholiques ayant passé un Accord de coopération avec l’Etat espagnol ou d’enracinement notoire en Espagne" (Texte de l’arrêté de création du 8 mars 2005).
Les confessions ayant signé un Accord de coopération avec l’Etat sont les confessions évangélique, juive et musulmane. Cette fondation sera présidée par le professeur de droit ecclésiastique José María Contreras, et est financée, pour l’année 2005, à hauteur de trois millions d’euros.
Le problème du financement des confessions minoritaires était demeuré en suspens depuis le passage à la démocratie. L’absence de ressources en provenance de l’Etat contribuait à entretenir un sentiment de marginalisation vis-à-vis de l’Eglise catholique, dont le financement procède pour une grande part du budget de l’Etat. Jusqu’ici, les confessions minoritaires bénéficiaient uniquement des dons des fidèles. Les attentats du 11 mars 2004 à Madrid ont contribué à la prise de conscience du problème et à la recherche de solutions, longtemps éludées. Les enquêtes ayant fait apparaître les liens entre certains terroristes et des imams de mosquées clandestines en Espagne, le gouvernement a considéré que la régulation du culte musulman s’avérait essentielle. Celle-ci impliquait alors, pour les pouvoirs publics, le dégagement des fonds nécessaires pour engager des imams bien formés et reconnus institutionnellement.

D 6 mai 2005    AFernando Bravo López

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