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Christianisme culturel et choc des religions

Aujourd’hui, l’Eglise populaire danoise comprend différentes approches du christianisme. Le groupe des 75% de "chrétiens culturels" est prédominant. Ceux-ci fréquentent l’Eglise pour les baptêmes, les confirmations, les enterrements, et en partie aussi pour les mariages, bien qu’ils n’aient aucun lien avec la vie paroissiale, le credo et la Bible. 10 à 15 % de la population danoise sont des chrétiens pratiquants participant plus ou moins régulièrement aux offices et autres activités de l’Eglise. On peut également qualifier un petit groupe de "chrétiens individuels" dans la mesure où ceux-ci s’identifient personnellement au christianisme sans entretenir particulièrement de relation avec l’Eglise.

Le christianisme culturel recouvre une vision du monde influencée par le christianisme, une conception de la vie humaine et des valeurs éthiques et existentielles fondamentales dérivée du christianisme et l’utilisation d’un langage inspiré du christianisme dans des situations importantes. Les chrétiens culturels considèrent que la majeure partie de leur culture est chrétienne, alors que dans l’ensemble leur culture ne l’est absolument pas, pas plus que leurs croyances, si tant est qu’ils en possèdent. La culture chrétienne n’est pas née toute seule et ne s’est pas développée toute seule. Elle est le fruit des enseignements de l’Eglise populaire à travers les siècles. Les chrétiens culturels ne possèdent pas de rituels ou de modèles permettant de transmettre la culture chrétienne à leurs enfants. Ils dépendent pour cela de l’Eglise populaire, qui est à nouveau confiante dans l’existence de la culture chrétienne. Historiquement, la culture chrétienne est née au Danemark grâce à l’instauration de cours obligatoires de préparation à la confirmation à partir de 1736. Aujourd’hui, des cours pour la confirmation sont dispensés à environ 70 % des jeunes afin, lesquels deviendront des chrétiens culturels. Ce qui est entendu lors des cérémonies de l’Eglise populaire contribue également à la transmission de la culture chrétienne parmi le peuple danois.

Avec seulement 2% des membres de l’Eglise qui assistent habituellement au culte le dimanche, le Danemark possède l’une des participations religieuses à l’office hebdomadaire les plus faibles au monde. Dans la mesure où il n’existe pratiquement pas de concurrence de la part des Eglises dites libres, l’Eglise évangélique luthérienne du Danemark peut ainsi être qualifiée de "d’Eglise monopolistique la plus faible au monde".

Principalement en raison de l’immigration des dernières décennies, l’islam est devenu une alternative au christianisme des pratiquants et au christianisme culturel. Ce phénomène associé à une renaissance de l’ancienne religiosité populaire, a fait prendre conscience à la plupart des responsables ecclésiastiques que l’Eglise ne peut rester chrétienne qu’en tant qu’Eglise de mission. Or il est difficile d’être une Eglise de mission lorsque l’Eglise est gouvernée par l’État sécularisé et que la majorité de ses membres sont des chrétiens culturels.

Depuis 2001, l’Eglise populaire a été prise en otage au sein du nationalisme danois, notamment par le Parti du peuple danois qui soutient le gouvernement. Les partis politiques de l’opposition sont plus enclins à traiter les religions de façon égalitaire dans un contexte où, compte tenu de l’immigration, le Danemark compte environ 4 % de musulmans et probablement autant de chrétiens non-luthériens dont le statut n’est que partiellement reconnu.C’est dans ce contexte politique qu’a eu lieu la crise des caricatures danoises au Danemark en 2006-2007.

D 13 septembre 2012    AHans Raun Iversen

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