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La communauté arménienne

Les relations entre l’Arménie et Chypre remontent à la fin du 6e s., lorsqu’environ 10 000 Arméniens, qui avaient été fait prisonniers pendant les guerres entre les empires perse et byzantin, furent installés sur l’île en tant que mercenaires. Durant la période latine, les mariages entre les maisons royales des Lusignans et du royaume cilicien continuèrent à consolider les liens entre l’île et le peuple arménien. La proximité géographique de l’île, située au large des rives de Cilice, permit à de nombreux Arméniens fuyant les raids arabes du début du 14e s. de se réfugier sur l’île. Les villages de Platani, Kornokipos et Spathariko furent construits afin d’accueillir les nouveaux arrivants.

Toutefois, au début de l’administration britannique, seul un petit nombre d’Arméniens vivaient à Chypre, pour la plupart dans les zones urbaines de Larnaca et Nicosie. Le début des persécutions de l’Empire ottoman à l’encontre des Arméniens et le génocide de 1915 ont profondément bouleversé la communauté arménienne de Chypre. Chypre redevint un refuge pour des milliers d’Arméniens originaires d’Anatolie occidentale. Toutefois, pour la majorité de ces "Boat People", comme on les surnomma, l’île demeurait un lieu de transit, depuis lequel ils poursuivaient leur émigration vers d’autres destinations, principalement la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.

La communauté arménienne actuelle est principalement composée des descendants de ces réfugiés du génocide. Jusqu’en 1963, la majorité des Arméniens vivaient dans un quartier de Nicosie majoritairement turcophone. Avec l’éclatement de conflits interethniques, presque toute la communauté, constituée d’environ 3 500 personnes, migra vers le sud, pour vivre au sein de la majorité chypriote grecque.

Selon les estimations du bilan démographique de 2004, les Arméniens de Chypre représentent environ 0,3 % de la population totale de l’île. Ils sont essentiellement de confession grégorienne apostolique, bien qu’il y ait également quelques familles catholiques et protestantes. Cette diversité confessionnelle n’a toutefois pas constitué un obstacle aux mariages au sein de la communauté arménienne. La chute du bloc de l’est a poussé de nouveaux Arméniens à immigrer vers Chypre, cette fois à partir de la République d’Arménie. L’intégration de ces nouveaux arrivants au sein de la communauté constitua un défi important.

Depuis les années 1930, l’Eglise apostolique arménienne de Chypre se trouve sous la juridiction du Catholicossat d’Antélias, au Liban. Dans les années 1980, une nouvelle église, disposant d’une école élémentaire, fut construite à Nicosie pour répondre aux besoins de cette communauté grandissante.

Les centres historiques de la vie arménienne à Chypre sont le monastère de Sourp Magar dans la région de Kérynia, un ancien monastère copte cédé à l’Eglise arménienne par les Ottomans, et l’Eglise de St. Asdvadzadzin dans la vieille ville de Nicosie, qui fut construite au 13e s. à l’origine pour abriter un cloître pour des nonnes bénédictines. Aujourd’hui, il ne reste que des ruines de ces deux centres. Situés dans le nord de l’île, la communauté ne pouvait y accéder. Les tentatives pour sauver ces lieux d’héritage culturel et religieux ont amené les Arméniens chypriotes à faire appel à des organisations caritatives de la diaspora arménienne.

Le Melkonian Educational Institute (MEI – Institut Melkonian), situé à Nicosie, fut également un centre d’une grande importance pour la vie de la diaspora arménienne. Orphelinat fondé en 1926 par Krikor et Garabed Melkonian, il est ensuite devenu une institution majeure de la diaspora, dispensant un enseignement secondaire arménien aux jeunes tant Arméniens que Chypriotes ou d’autres nationalités. La décision de l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance (UGAB) de fermer l’école en 2005 est susceptible d’avoir un impact, non seulement sur la communauté arménienne de Chypre, mais également sur la diaspora arménienne en général. Les Arméniens de Chypre sont actuellement à la recherche de nouvelles façons de fournir un enseignement secondaire aux membres de leur communauté.

D 12 septembre 2012    AIrene Dietzel

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