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La non-religion au Canada

Bien que le Canada soit encore une nation dont le tissu social et les institutions sont influencés par le christianisme, le nombre de personnes qui s’identifient comme "non religieuses" a augmenté de manière significative au cours des dernières décennies. Dans le cadre de cette étude, le terme "non-religieux" englobe un certain nombre de termes, notamment agnostique, athée, spirituel mais non religieux, humaniste et indifférent. La diversité et l’étendue de cette catégorie posent évidemment des problèmes, mais si nous commençons par les chiffres du recensement, nous pouvons dire qu’un peu moins d’un Canadien sur quatre s’est identifié comme non affilié lors de la dernière enquête nationale. Toutefois, ce chiffre doit être considéré comme une mesure approximative de l’attachement religieux, en particulier en ce qui concerne le christianisme.

Par exemple, une enquête publiée dans Faith Today montre que 11 % des personnes interrogées fréquentent chaque semaine une église ou une synagogue. À titre de comparaison, après la Seconde Guerre mondiale, 67 % des Canadiens fréquentaient l’église ou la synagogue chaque semaine. En outre, la moitié des personnes interrogées étaient agnostiques, athées ou non religieuses, ce qui signifie que ce groupe combiné est désormais plus important que celui des personnes qui s’identifient comme chrétiennes (Hiemstra 2020). Seulement 11 % des personnes interrogées vont régulièrement à l’église. De même, dans leur livre Leaving Christianity, Brian Clarke et Stuart Macdonald notent que l’affiliation n’est pas synonyme d’engagement et que près de la moitié des Canadiens sont donc effectivement des "sans religion".

Il est important de noter qu’il existe des variations régionales. Par exemple, selon les données du dernier recensement de 2011, 44 % de la population de la province de la Colombie-Britannique n’a aucune affiliation religieuse, contre 24 % de la population canadienne totale (Statistics Canada 2011). Au Québec, province traditionnellement très catholique, seuls 10,1 % des catholiques vont à l’église "au moins une fois par semaine" et 42,7 % des catholiques ne vont "jamais" à l’église. Pourtant, l’identification au catholicisme romain reste élevée (près de 85 % de la population), ce qui, selon Clarke et Macdonald (2017), devrait diminuer compte tenu du grand nombre d’enfants qui sont maintenant élevés sans affiliation ni éducation religieuse institutionnelle.

Cette analyse s’est concentrée sur l’intersection de la non-religion et du christianisme parce que le Canada a été une nation majoritairement chrétienne. Cependant, les questions relatives à l’identité religieuse et non religieuse sont également importantes dans d’autres domaines. Par exemple, les stratégies d’intégration des immigrants reposent souvent sur des hypothèses concernant la vie religieuse des immigrants et des réfugiés, qui mettent l’accent sur l’observance plutôt que sur la non-religion. Des recherches empiriques doivent encore être menées sur l’impact de l’imaginaire religieux sur les migrants qui ne sont pas religieux.

Il reste à voir quelles seront les conséquences sociales, négatives et positives, de ce tournant vers l’absence de religion. Une conséquence immédiate et évidente est la transformation des églises en copropriétés, en centres communautaires, en logements pour personnes âgées, en salles de spectacles, etc. ou leur démolition pure et simple. Les effets éventuels sur les dons de charité et le bénévolat sont moins évidents : certains chercheurs et militants sociaux craignent que l’absence d’églises ne réduise la capacité de socialiser les gens pour qu’ils fassent des dons. En outre, certaines Églises ont joué un rôle actif dans l’offre de services sociaux, notamment le soutien aux immigrants et aux réfugiés, les banques alimentaires et la gestion de refuges pour sans-abri. Ces services s’appuient souvent sur de vastes réseaux de bénévoles dont le nombre diminue en même temps que le nombre de membres des Églises. Dans certains cas, ces services se sont transformés pour être moins explicitement fondés sur la religion. Les effets positifs de l’augmentation de la non-religion peuvent inclure une plus grande inclusion sociale pour les groupes précédemment marginalisés, en particulier les minorités sexuelles, un meilleur accès aux technologies et services de reproduction tels que le contrôle des naissances et l’avortement, ainsi que des espaces publics plus diversifiés.

Sources :
 2011 National Household Survey ;
 Leaving Christianity : Changing Allegiances in Canada. Clarke, Brian and Macdonald, Stuart. Montreal : McGill-Queens University Press. 2017.

D 10 mars 2021    ALori G. Beaman

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