eurel     Données sociologiques et juridiques sur la religion en Europe et au-delà

2017

  • Août 2017 : Crucifix dans les hôpitaux en débat

En août 2017, la présence de crucifix dans les chambres d’un hôpital valaisan (le Valais est un des vingt-quatre cantons en Suisse) relance la question des signes religieux dans les établissements hospitaliers en particulier et dans le domaine public en général.

Un membre engagé des Libres penseurs romands et à l’origine de l’initiative pour un Valais laïc en 2015 (finalement retirée), a été hospitalisé à l’Hôpital du Valais, où il s’est offusqué de trouver un crucifix dans sa chambre. La direction a répondu ne pas vouloir « entrer dans le débat de la question religieuse » mais qu’il était possible de retirer l’objet sous demande du patient.

A l’échelle nationale, notons que le Valais est l’un des seuls cantons, avec Lucerne, à accrocher des crucifix dans les chambres des patient.e.s. A l’inverse, des cantons tels que Fribourg, le Jura et Genève ont supprimé ces signes religieux dans l’univers hospitalier. Pour Genève par exemple, voilà plus de vingt ans que cette mesure a été prise.

Pour plus de détails sur cette polémique, voir l’article du Nouvelliste.

  • Juin 2017 : Rapport sur les symboles religieux dans les bâtiments publics

Le 9 juin 2017, le Conseil fédéral a publié un rapport sur le port et la présence de symboles religieux dans les bâtiments publics. Ce rapport avait été demandé par M. Aeschi en septembre 2013 afin d’exposer les besoins de légiférer sur la question de la présence de crucifix et autres symboles religieux ainsi que sur le port de symboles religieux de plus ou moins grandes tailles dans les édifices publics.

Le rapport brosse un tableau de la situation juridique et de la pratique quotidienne de l’affichage et du port de symboles religieux dans les bâtiments publics. L’Office fédéral de la justice (OFJ) qui a été chargé de réaliser le rapport a mandaté plusieurs organes pour y parvenir : l’Institut du fédéralisme de l’Université de Fribourg, l’Institut suisse de droit comparé (ISDC) et le Centre suisse de compétence pour les droits humains (CSDH).

Deux principaux résultats de cette enquête sont à relever :

 La législation concernant l’affichage et le port de signes et symboles religieux dans les édifices publics est inexistant en droit fédéral, à l’exception de l’article 21 al. 1 et C de la loi sur le personnel de la Confédération. Jusqu’à ce jour, ces questions sont de la compétence du Tribunal fédéral.
 Entre 2001 et 2015, les interventions politiques traitent principalement de crucifix/croix, des lieux de prière/cimetières musulmans et le port du voile musulman. Ces interventions politiques ont amené dans peu de cas le législateur à agir.
 On trouve des symboles religieux dans plus de la moitié des édifices publics et ils sont particulièrement nombreux dans les hôpitaux.

D’autres résultats d’études empiriques (sondage en ligne, interviews de personnels, de chercheurs et de représentants religieux) ainsi qu’une étude comparative avec des pays européens sont disponibles dans le rapport.

  • Juin 2017 : Déclaration de la viande halal

Le Conseil national a accepté à une très grande majorité une motion exigeant que la viande halal soit déclarée comme telle aux client.e.s, que ce soit dans les surfaces de supermarchés ou dans les restaurants.

En Suisse, l’abattage rituel juif et musulman est interdit. Il est donc impossible de produire de la viande halal ou casher, mais il est en revanche autorisé d’en importer. La législation actuelle impose la déclaration de fabrication qu’à la première étape de vente (commerce en gros) contrairement au commerce de détail et en restaurants. L’initiative parlementaire, lancée par Yannick Buttet (Parti Démocrate Chrétien, du centre), demande une déclaration imposée à toutes les étapes de vente.

Une exigence supplémentaire est celle relative au coût d’adjudication (sélection du fournisseur). En effet, la viande halal étant souvent meilleur marché que les viandes obtenues par abattage non-rituel, l’initiant estime que les autres entreprises sont pénalisées.

Les représentants de la gauche ainsi qu’une partie du PLR (Parti Libéral Radical) et du PVL (Parti des Verts Libéraux) jugent cette initiative problématique en raison de sa focalisation sur une pratique spécifiquement musulmane. De plus, Martina Munz (Parti Socialiste) estime que la quantité de viande halal est peu importante et meilleur marché en raison de la qualité de certains morceaux.

La Commission du Conseil d’Etat s’est opposée à 8 voix contre 3 à cette initiative parlementaire. Si le plénum (ensemble des parlementaires de la chambre concernée) en fait autant, l’objet sera abandonné.

Source : Le Temps.

  • Mai 2017 : Rejet de l’interdiction de se voiler le visage dans le canton de Glaris

Le 6 mai 2017, la Landsgemeinde (« Assemblée du pays ») du canton de Glaris, institution de démocratie directe présente dans deux cantons en Suisse, a rejeté l’initiative citoyenne visant à interdire de se voiler le visage et, à demi-mot, le port du voile intégral dans l’espace public. La Landsgemeinde, composée des citoyens et citoyennes de la commune, a rejeté cette demande d’interdiction à deux tiers de voix.

C’est le politicien Roland Hämmerli du parti de droite UDC (Union Démocratique du Centre) qui est à l’origine de cette initiative. Ses arguments principaux gravitaient autour de la sécurité en ciblant les femmes « voilées », les « agents du chaos » et les « hooligans ».

Selon les opposants à cette initiative, les prescriptions vestimentaires ne devraient pas figurer dans la Constitution. Ils entendaient également éviter que la Landsgemeinde ne serve les « intérêts des cercles d’extrême droite ». Le gouvernement ainsi que le parlement cantonal ont également rejeté l’initiative.

Jusqu’à ce jour, seul le canton du Tessin est muni d’une telle disposition légale (voir le débat de 2014)

Source : RTS.

  • Mai 2017 : Migration et tradition du « Juju »

Les services sociaux suisses sont confrontés à des cas toujours plus fréquents de migrantes nigérianes, pour la plupart faisant partie de réseaux de prostitution, souffrant de stress post-traumatique ou convaincues de vivre sous la menace de sorciers. Comprendre la tradition du « Juju » est une première étape pour parvenir à soulager la souffrance de ces migrantes.

Pour maintenir ces femmes sous leur contrôle et leur extorquer de grosses sommes d’argent, les réseaux criminels qui exploitent ces Nigérianes recourent non seulement à des menaces physiques, mais également à l’exploitation de leurs croyances religieuses. Avant d’être envoyées en Europe, ces femmes sont amenées chez un sorcier qui, selon la tradition du « Juju », possède le pouvoir de les tuer ou de les rendre folles à distance grâce aux pouvoirs du dieu Eshu. Socialisées dans des sociétés imprégnées par le monde de la magie et ses croyances, ces femmes vivent des angoisses si importantes qu’elles développent des désordres psychiques graves.

Maria Rio Benito, médecin psychiatre de l’association d’aide aux migrant.e.s Appartenances située à Lausanne, explique que des symptômes de stress post-traumatique sont fréquents. Selon elle, le phénomène du « Juju » doit être compris et traité dans le cadre de la précarité sociale des victimes. Les cas se multiplient en raison de l’augmentation des flux migratoires depuis le Nigeria.

Source : Le Temps.

D 26 septembre 2017    AAnaïd Lindemann

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