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Aspect sociologique

Les aumôniers sont recrutés et formés, de façon variable, par chaque groupe religieux. Ils doivent être agréé par l’administration pénitentiaire. Ils peuvent bénéficier d’une indemnité versée par l’Etat.
Durant quelques années, il a été affirmé que les Témoins de Jéhova étaient victimes de discrimination, notamment dans la capacité à être aumônier de prison. Le débat a été clos par l’Avis relatif à l’exercice du culte dans les lieux de privation de liberté paru au Journal officiel du 17 avril 2011, texte n° 13, qui affirme que « l’administration ne peut […] donner un statut minoré aux aumôniers » d’une religion minoritaire. Le contraire reviendrait à supposer que l’administration pénitentiaire aurait l’autorité d’apprécier « quels cultes peuvent être admis et avec quelles prérogatives dans les lieux de privation de liberté ». Le Conseil d’Etat a confirmé, le 16 octobre 2013, que des aumôniers des Témoins de Jehovah doivent être agréés pour les prisons.

Au 1er janvier 2015, l’administration pénitentiaire recensait 1628 intervenants cultuels, appartenant aux différents cultes : catholique 760, protestant 377, musulman 193, témoins de Jéhovah 111, israélite 75, orthodoxe 52, bouddhiste 10, autres 50 (chiffres fournis par le gouvernement).

Selon Sarg et Lamine, « la religion apparaît finalement bien souvent comme une ressource parmi d’autres en prison », tout en n’étant « pas exactement comme les autres » : dans ce contexte rigoureusement régulé par l’administration, le statut de l’aumônerie qui est au marge de l’institutionnel donne au religieux une souplesse et un rôle large et important, comme (re)structuration de l’existence, capacité de donner sens à sa vie, symbole d’un ailleurs possible. Quelle que soit leur confession, les aumôniers jouent des rôles multiples (psychologue, conseiller juridique, frère ou ami).

Le débat social a porté fréquemment, ces dernières années, sur la radicalisation religieuse qui interviendrait en prison, notamment dans le cas de l’islam. A double titre, l’islam a un statut particulier en prison. D’abord, parce que ce culte est le plus souvent victime de discriminations. Le rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté du 17 avril 2013 souligne que l’administration manque parfois de neutralité vis-à-vis des religions non-chrétiennes et surtout de l’islam, notant par exemple la difficulté à obtenir des repas halal, le manque d’aumôniers, le non-respect des objets cultels ou des temps de prière, les remarques irrespectueuses des personnels sur les convictions et les pratiques religieuses. D’autre part, parce que, parmi les diverses utilisations possibles de la religion par les détenus, l’islam est la religion qui est utilisée pour la contestation, selon Sarg et Lamine. Cependant, Béraud et al. soulignent que la religion en prison reste un phénomène minoritaire, surtout dans ses modes radicaux qui « le plus souvent restent mineurs en comparaison d’une forme de religiosité apaisée et ordinaire ».

D 31 août 2015    AAnne-Laure Zwilling

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